Histoires de la commune
Histoire de la Maison Pour Tous
La fin des travaux d’agrandissement de la Maison Pour Tous nous amène à évoquer l’histoire de ce lieu qui, s’il bouillonne aujourd’hui d’activités, ne fait que perpétuer l’animation qui régnait durant les trente glorieuses (1945 – 1975) dans ce « bas du bourg »….
Le « bas du bourg » un secteur actif au XXème siècle
Sur le cadastre napoléonien (1835), il n’existe pas de constructions dans cette partie du bourg en dehors de l’église et des bâtiments attenant coté sud de celle-ci. Ce n’est qu’au début du XXème siècle que s’y construisirent les premières habitations à vocation artisanale et commerciale : la maréchalerie Gaudin (près de l’église) dont l’épouse tenait une épicerie (actuel local des Assurances du groupe Alliance), un boulanger Eugène puis Léonce Verger auquel a succédé Marcel Brunet (11 rue de l’Hôtel de ville), et un marchand d’œufs, M. Denis (maison faisant le coin de la place de l’église et de la rue d’Azay).
Le négociant en œufs fut remplacé par un courtier en semences, Louis Blanchard dont le métier évolua avec ses enfants vers le négoce des semences des plants de pommes de terre et la fabrication des farines pour le bétail (comme en témoigne le grand bâtiment sur le fronton duquel est inscrit sa date de construction : 1947) ; la maréchalerie Gaudin dans la « venelle » de l’église devint le garage Bernard Bodet avec sa pompe à essence sur la place de l’église et une annexe (atelier de peinture) rue d’Azay, puis garage Simonnet (concession Renault) ; et la boulangerie Brunet - actuelle MPT - devint boulangerie-pâtisserie dans les années 60, tenue une vingtaine d’années par M et Mme Durand auxquels ont succédé MM Fouchereau et Loubé avant une fermeture définitive en 1993.
La MPT était une boulangerie
La maison qui abrite aujourd’hui la MPT a donc été construite par Léonce Verger boulanger, père de Mme Déray (ou Déré suivant les actes) puis louée à la famille des boulangers Brunet-Guignard.
Il s’agissait d’une maison de granite, couverte d’ardoises comprenant deux pièces au rez-de-chaussée : le magasin avec sa porte vitrée et le fournil avec ses deux petites fenêtres sur rue, cuisine et cellier sur l’arrière. A l’étage, 3 chambres au-dessus du magasin et de la cuisine et un grenier à farine au dessus du fournil, le tout surmonté de deux grands greniers sur plancher de chêne : trois étages donc de 125m2 chacun. Un jardin sur l’arrière et un hangar (stockage du bois pour le four (puis de l’« Estafette » à Marcel), couvert en tôle complétait l’ensemble côté sud : le tout cadastré AC 172 et AC 80.
De la boulangerie à la maison des associations
Dans les années quatre-vingts, l’essentiel des associations de loisirs étaient limitées à la boule en bois (La Sainte Aubinoise), au foot (le CASA) et au théâtre amateur (La Fraternelle).
Ces activités traditionnelles à la campagne ne fédèrent plus tous les jeunes qui, influencés sans doute par le développement des Maisons des Jeunes dans les villes, veulent un lieu de rencontres et de nouvelles activités plus indépendantes. C’est ainsi qu’un groupe de jeunes (Patrick Roy, Solange Caux, Patrick Verger…).accompagnés d’enseignants de l’EREA se fédèrent sous l’impulsion de Henry Mendels, photographe, pour créer une association d’éducation populaire principalement tournée vers les jeunes « afin d’offrir d’autres loisirs sains et éducatifs ainsi que toute animation à caractère social et culturel ».
1980 : la Maison Pour Tous était née … « une maison sans toit… » comme le soulignera M Mendels…..puisqu’ils n’avaient ni moyens ni local.
Le nouveau bureau constitué en 1982 sous la présidence de Serge Jardin et comprenant deux conseillers municipaux obtint l’autorisation de partager la salle du plan d’eau avec le club du troisième âge qui ne l’utilisait qu’une demi-journée par semaine …
La cohabitation fut difficile…….
Et le problème de l’hébergement des activités devient récurrent au fur et à mesure que celles-ci évoluent. A partir de 1986, la salle gymnase (comme on l’appelait) permit d’héberger les activités sportives nouvelles et parmi elles la GV, mais la création de l’école de musique (1991) engorgea toutes les salles disponibles, on pourrait même dire tous les lieux disponibles…
Le Maire de l’époque est conscient du problème mais, échaudé (ou refroidi) par quelques difficultés liées au club de foot (un autre club de jeunes), il laisse mûrir … préparant néanmoins en catimini la recherche de l’amélioration de la situation … car même les salles de la mairie sont occupées par le piano (salle de réunions) ou si le lieu est plus petit (archives), le saxo …
Aucune délibération ne fait état officiellement de l’achat de la boulangerie, mais il en est question en conseil : « un achat de bâtiment « serait bien utile » au bon fonctionnement de la MPT » ; une somme de 180 000F est inscrite au budget supplémentaire (4/12/1995) sans autre commentaire … Discrètement, l’affaire est conclue puisque courant janvier 1996, M le Maire fait visiter l’ancienne boulangerie au conseil municipal – « un bâtiment certes délabré aux planchers solides et à la couverture récente » - et son coût est validé au budget 1996.
Plus d’une année sera nécessaire à la constitution du projet de restructuration : le bâtiment, sans qu’il fût touché à sa structure, ni à sa façade - avec ses encadrements de granite et sa toiture d’ardoises - fut donc réaménagé sur trois niveaux. L’entrée actuelle était le magasin de la boulangerie, jouxtant à gauche le fournil devenu la grande salle du rez-de-chaussée. Les chambres de l’étage furent transformées en une grande pièce ainsi que le second étage sur son solide plancher, le hangar annexe ayant gardé son utilisation d’origine. L’ensemble pour un coût équivalent aujourd’hui à 270 000 euros (achat inclus).
Cette nouvelle structure abritant le siège de la majorité des associations de la commune ainsi que l’école de musique est inaugurée le 11 juin 1998 en présence du député président du Conseil Général, Jean Marie Morisset, du sénateur André Dulait, du Conseiller Général Gérard Vitré, du représentant de la Jeunesse et des sports…
Cette même année, les espaces côté rue de la rivière (hangar Morisset) et sur l’arrière (jardin Blanchard) sont achetés.
Depuis, le nombre d’adhérents a doublé, les activités ont décuplé - particulièrement au niveau musique avec la création des Ateliers du Griffon (ses steel-drums et ses différentes formations), ainsi que de Taptapo’Sembalek et sa batacuda.
Un agrandissement est nécessaire
La sortie d’un nouveau CD de steel-drum en juillet 2006 est l’élément déclencheur d’une première réflexion qui aboutit en novembre à la présentation - dans l’urgence - d’un projet d’agrandissement de 170m2.
« La partie nouvelle sera entièrement reconstruite traitée architecturalement de manière à marquer l’entrée de bourg, un toit en terrasse mettra en valeur l’escalier de secours alliant tour et couverture classique à 2 pans. Concernant l’intérieur, l’acoustique sera privilégiée ainsi que les espaces de rangements (bidons) et leurs accès », telle était la demande du maître d’ouvrage.
Ce premier projet est refusé par l’architecte des bâtiments de France car la toiture en bac acier proposée est non-conforme à l’environnement … (et pourtant l’église n’est pas classée !)
Le projet sera donc revu et définitivement validé tel que vous le connaissez le 19 juillet 2008 pour un montant estimé de 347 818 euros HT.
Malgré la volonté d’aller vite, les travaux commencent difficilement en juillet 2009 et prennent du retard eu égard aux difficultés d’une entreprise, retard qui finalement laissera un délai nécessaire pour réfléchir à un nouveau mode de chauffage alimenté par une chaudière à granulés de bois.
Octobre 2010, finalement « les activités musicales » prennent possession des 170m2 nouveaux qui leur sont dédiés…
Finis (ou presque) les problèmes liés à la cohabitation, les déménagements fastidieux, la MPT retrouve une nouvelle respiration ! Et le lieu, l’animation d’antan….
Dominique Boutin
A propos de nos maires, le saviez-vous
Bientôt de nouvelles élections municipales
Généralement tous les six ans, une fébrilité s'empare de chaque village de France à l'occasion de nouvelles élections municipales.
En 2014, avec le remodelage des communautés de communes, des changements importants sont à prévoir dans le scrutin et particulièrement au niveau du vote qui se fera par liste entière sans rature… sans panachage… et prendra en compte la représentation de la commune au sein de la nouvelle communauté devant regrouper 39 communes.
Finies les petites histoires et l'imagination qui émaillaient les bulletins : inscriptions injurieuses ou encouragements,
quolibets ou autres collages qui permettaient aux électeurs de communiquer (!!!) leur approbation ou leur désappointement souvent liés à des problèmes personnels plus qu'à la vie locale … tout cela faisant néanmoins le délice de certaines soirées électorales… (tout au moins en souvenir…)
Mon propos ne concerne pas ces anecdotes ni les soirées d'élections qui par le passé allèrent parfois jusqu'au coup de poing… ni l'action de nos premiers magistrats qui, si elles dépendent - comme chacun pense - des choix du conseil municipal sont surtout dictées, voire imposées à la fois par les événements, les options des municipalités précédentes mais surtout par les choix des politiques nationales et régionales qui orientent
- par le subventionnement entre autres
- les investissements….
Mon propos est ailleurs, il est de revenir sur quelques particularités qui font que Saint Aubin est une commune unique - ce dont vous ne doutiez pas - ayant toujours recherché à "être de son temps", à suivre - voire souvent même à prendre les devants - pour ne pas "rater" le train du développement et de la modernité….
1925 UN DES PLUS JEUNES MAIRES DE FRANCE
Saviez vous par exemple que les Saint Aubinois peuvent s'honorer d'avoir élu le 17 mai 1925 sans doute le plus jeune maire de France à l'époque: Albert Vaslin, fils d'agriculteur, titulaire du brevet élémentaire qui s'est installé négociant en grains rue Edouard Pied (aujourd'hui face à la pharmacie, ancienne ferme Vincent). Il fut élu maire à l'âge de 27 ans et assuma cette fonction 18 ans durant jusqu'en 1943 année où l'on vit pour la dernière fois sa signature sur le registre des délibérations en août…
La guerre 14-18 avait décimé la plupart des familles ; de ce fait, les maires élus dans les années 20 furent majoritairement assez âgés ou très jeunes… et instruits… ce qui ne pouvait que favoriser l'évolution des communes : l'avenir le démontrera...
1945 UNE DES PREMIERES FEMMES MAIRE DE FRANCE
De nouvelles élections auraient dû avoir lieu en 1941…mais, c'est la guerre ! Pétain entendant établir un régime autoritaire, les conseils municipaux des villes de plus de 3 000 habitants sont destitués et les maires et conseillers municipaux nommés par le préfet, à la botte de l’état.
Dans les petits villages, comme à Saint Aubin, les municipalités restèrent en place… assumèrent l'arrivée des réfugiés, gérèrent la pénurie, vécurent l'occupation le plus souvent en bonne intelligence… ne serait-ce que pour éviter les représailles…
Sauf que notre maire fut destituée par arrêté du préfet en 1943 laissant la commune aux deux adjoints en place Alcide Pied et Auguste Chatain (là aussi, c'est une particularité de l'un de nos maires qui dans cette affaire et à cette période n'a sans doute eu que le tort d'être Maire !!! Que chacun se rassure, il a payé ses erreurs - tout comme d'autres d’ailleurs dans le village (lire C.O de 1946) alors que... - mais il est resté à St Aubin jusqu'à sa retraite… en ayant toutefois perdu son fauteuil de maire et sa carte professionnelle de négociant en pommes de terre… (denrée très recherchée et indispensable durant cette période…)
LES ELECTIONS DE MAI 1945
Le 24 avril 1944 (ordonnance du 21 avril), le comité français de la libération nationale installé à Alger sous la présidence du Général de Gaulle prend le nom de Gouvernement provisoire de la République Française et accorde par ordonnance "le droit de vote aux femmes et celui de se présenter aux élections.»
Une révolution pour ce scrutin : pour la première fois de l'histoire, non seulement les femmes ont droit de faire de la politique, mais à Saint Aubin, elles sont présentes sur les deux listes proposées aux suffrages : sur la liste traditionnellement majoritaire (anciennement liste Vaslin), on note la présence de Madame Girard, institutrice du village prochainement retraitée et, sur la liste d'opposition, loin d'être en reste, on note aussi la présence de deux femmes : Madame Migeon et Madame Cantet .
Les élections auront lieu le 29 avril et le 13 mai 1945.
Les électeurs vont donner la majorité à l'équipe en place. Madame Girard sera la seule femme élue et le conseil municipal lui confiera la fonction de Maire le 19 mai 1945 par 14 voix sur 16 votants (bien qu'il y ait 6 conseillers élus dans la liste d'opposition), mais on prendra soin de "l'entourer" d'adjoints « notables » : Auguste Chatain (adjoint depuis 1925) et Marcelin Dieumegard (conseiller depuis 1925)...
Curieusement, on ne trouve aucune trace des élections municipales de 1945 dans la presse locale, mais il faut savoir que c'est la première année d'édition du Courrier de l'Ouest et que ce quotidien ne compte qu'une seule feuille recto-verso (noir et blanc) où l'on évoque Niort, un peu Parthenay, Bressuire et Thouars, mais qui sera majoritairement utilisée durant ce mois de mai pour "fêter" la capitulation de l'Allemagne, si bien que l'élection d'une femme comme maire passera inaperçue ; et pourtant ce fut l'une des premières et des rares mairesses (osons le féminin) de France*
Est-ce vraiment le hasard ? Nous sommes après guerre, après l'occupation… Il faut rassembler, reconstruire et se reconstruire d'une période difficile … Le Général de Gaulle ouvre le scrutin aux femmes et Madame Girard, institutrice estimée, va prendre sa retraite…
Les Saint Aubinois comprennent que la gestion de leur village après-guerre a besoin d'une personne cultivée et disponible pour à la fois saisir les nouvelles opportunités qu'offrira la reconstruction du pays et participer de la modernisation de nos campagnes, mais aussi d'une personne intègre faisant l'unanimité pour ramener le calme dans les esprits encore agités par les souvenirs brûlants de la résistance ou/et de la collaboration.
Les électeurs ont compris que la fonction de Maire n'est plus celle d'un notable mais celle d'un acteur véritable développeur du territoire.
A propos de la guerre 14 – 18
La célébration du 90ème anniversaire de l’armistice de 1918 est pour nous l’occasion de revenir sur une particularité de notre village : celle de s’honorer de posséder deux monuments élevés en l’honneur de nos concitoyens morts au champ d’honneur durant ces quatre années de conflit :
- l’un est situé près de l’église entre celle-ci et la place,
- l’autre est peint à l’intérieur de l’église sur un des murs coté sud face « aux petites portes » .
Il n’y a pas eu vraiment de loi pour demander l’érection de monuments commémoratifs, mais une volonté nationale de mettre à l’honneur nos concitoyens morts pour la patrie ce que l’on peut interpréter aussi comme une catharsis pour surmonter les traumatismes psychologiques de l’après-guerre.
Dans cet état d’esprit, l’état en 1919 vote l’attribution d’une subvention aux communes « pour glorifier les héros morts pour la patrie ». Chacune est libre de sa façon de rendre cet hommage mais, aux fins que ces monuments soient « dignes » une revue spéciale verra le jour « Art funéraire et commémoratif » qui sera distribuée dans toutes les mairies et dont le but est d’aider les communes à faire leur choix …
A Saint Aubin, on vient de déplacer l’ancien cimetière avec pour projet de niveler son emplacement, de l’empierrer et de créer ainsi une grande place au centre de laquelle on pourrait installer le monument en hommage aux morts de la guerre.
Ce monument est pris pour l’essentiel en charge par la collectivité qui investit 20 000F, la municipalité concevant que les saint aubinois peinant à se relever de la misère - d’autant que tout avait augmenté, voire doublé (la viande entre autres)- n’avaient que peu de moyens pour souscrire .
Néanmoins, une souscription publique recueillit environ 3 000 F (ce qui est une somme importante à l’époque).
En 1924, la place fut donc aplanie, nivelée et empierrée ; le monument placé en son centre.
« Le Soldat Victorieux », statue en fonte choisie sur catalogue, est l’œuvre du sculpteur Eugène-Paul Benet. Le soldat casqué tient son fusil à la baïonnette en retrait et brandit de la main droite une couronne de lauriers et une palme. Sortie des fonderies Antoine Durenne, à Paris, on la retrouve à plusieurs centaines d’exemplaires en France. Elle fut installée sur un monument de granit local conçu et taillé par Marcel Turpault (carrier à Saint Aubin à l’époque) sur lequel on peut y lire le nom de chaque saint aubinois mort pour la France (90 noms) ainsi que cette phrase (sur la face arrière) « Gloire à notre France éternelle, Gloire à ceux qui sont morts pour elle »
Place et monuments furent inaugurés le 9 novembre 1924, à la suite d’un banquet (comme il était de coutume pour les inaugurations à cette époque) en présence de nombreuses personnalités dont Monsieur le préfet Billecart, le Sénateur Héry, les députés Jouffrault et Richard, le Maire Philibert Miot et le conseil municipal
Avec le réaménagement du centre bourg, et particulièrement de la place dans les années 2 000, le monument - un moment oublié dans le programme - a finalement trouvé sa place tout près de l’église le 19 février 2001 : travail délicat de démontage et de transport réalisé par l’entreprise Pichaureaux. Le «remontage » du monument sera réalisé par les employés communaux sous la responsabilité de J.P.Billy… Les plaques portant la liste des morts seront par la même occasion renouvelées et mises à jour par l’entreprise Petiteau.
Notre monument est aujourd’hui une stèle mémoire de toutes les guerres puisqu’y ont été ajoutés les saint aubinois morts pour la France lors de la seconde guerre mondiale
Mais ce qui fait notre particularité, c’est qu’un autre hommage aux morts de cette guerre a été peint sous forme de fresque allégorique dans l’église par Ernest PIDOUX (alors que la plupart du temps, dans les églises, cet évènement est rappelé par de simples plaques ex-voto).
Ernest PIDOUX "peintre de Parthenay et de la Gâtine», a réalisé pour l'église de Saint-Aubin-le-Cloud une gigantesque fresque murale. (On retrouve une fresque de même inspiration à Chatillon sur Thouet). On peut penser que l'inspiration est due au fait que la première guerre mondiale le toucha particulièrement : l'un de ses deux fils Fernand ayant été tué à l'ennemi le 27 août 1914.
J’emprunterai à Michel Bernier – professeur honoraire - l’excellente description qu’il en a faite dans le catalogue de l’exposition concernant « Les peintres de Parthenay et de la Gâtine avant 1900 » (exposition organisée par le Musée Municipal de Parthenay en avril 2005)
« La partie supérieure, évoque un champ de bataille où gisent des soldats. L'un deux, allongé sur le sol, s'appuie d'une main sur le drapeau tricolore. L'équipement du combattant est détaillé avec beaucoup d'exactitude reflétant par là la réalité historique : uniforme bleu horizon, symbole de la Grande Guerre, la musette, le casque tombé au sol. En revanche, le visage de ce soldat mourant est adouci et idéalisé, son visage bien que pâle respire la sérénité, ses yeux ne sont pas noyés de désespoir, la douleur ne déforme pas sa bouche. A l'arrière-plan, un autre soldat gît, alors que la tête d'un autre émerge du sol, enterré en quelque sorte dans une tranchée. "D'après la mémoire collective des paroissiens de Saint-Aubin, les deux soldats représentés auraient été peints avec les traits de deux enfants de la commune morts pour la France".
Ernest PIDOUX a figuré de part et d'autre des soldats le Christ et un Ange. L'image du Christ est souvent associée à celle du soldat mourant. La valeur exemplaire que constitue la Passion du premier est mise en parallèle avec le sacrifice du second : des milliers de combattants morts pour sauver la patrie ont vécu la Passion du Christ dans leur chair. Quant à l'Ange, il descend du ciel les ailes déployées pour ceindre le front du soldat d'une couronne de laurier, symbole de la victoire. L'inscription "Dans les plis du drapeau, sous l'ombre de la Croix, il gît, mais Bienheureux, car il a dit : Je crois." apporte tout le sens qu'a voulu donner l'artiste à son œuvre.
Au-dessous de cette fresque, a été dressée la liste, année après année, des 90 habitants de Saint-Aubin qui ont été victimes des combats qui se sont déroulés dans des lieux dont les principaux sont inscrits de chaque côté : Yser, Somme, Artois, Aisne, Marne, Verdun, Alsace, Orient. Les guirlandes et entrelacs qui encadrent l'ensemble sont dus également au pinceau de PIDOUX. Enfin, au centre, au-dessus de l'inscription "La paroisse de Saint-Aubin-le-Cloud à ses enfants morts pour la France" une statue de Jeanne d'Arc, en armure brandissant sa bannière et son épée. Jeanne, reconnue comme le symbole de la patrie à défendre depuis 1870, incarne la foi salvatrice, la France combattante, animée par la foi en Dieu et la foi en la reconquête. Devenue la patronne du combattant, elle conduit les troupes françaises vers la victoire. Elle est canonisée le 9 mai 1920 par le pape Benoît XV, c'est dire qu'au moment de l'élaboration de ce monument commémoratif, son culte est quasiment à son apogée. Le premier décembre 1921 eut lieu la bénédiction de cette œuvre au cours d'un service solennel en "Hommage aux enfants de la paroisse morts au champ d'honneur" : "M. le Curé-doyen, délégué par Mgr l'Evêque, bénit solennellement le splendide monument que la paroisse de Saint-Aubin a généreusement élevé à ses glorieux morts ; c'est une fresque aux grandes proportions, due au pinceau d'artiste de M. PIDOUX, peintre à Parthenay". »
A noter que le temps et surtout l’humidité ont eu quasi raison de cette fresque unique.
Si nous avons la chance de la voir dans l’état où elle est aujourd’hui, c’est qu’en partie rongée par le salpêtre, elle fut restaurée par un des employés communaux, Bernard Gentilleau, en 1999-2000.
Ces deux monuments sont là pour rassembler la population autour du souvenir, population qui chaque année est plus nombreuse pour rendre hommage à ceux qui sont morts pour sauver notre pays … et comprendre peut-être ce que signifiait le mot patriotisme…
LA COMMUNE DE SAINT AUBIN LE CLOUD
A SES GLORIEUX ENFANTS MORTS POUR LA PATRIE
Bains douches à SAINT AUBIN
Nombre d’habitants – notamment nouveaux venus à StAubin – s’interrogent sur ce petit batiment – d’un certain style néanmoins –abandonné entre école primaire et maternelle…
Nombre « d’anciens » se demandent pourquoi cette « verrue » n’a pas été démolie plus tôt…
Pour répondre rapidement à ces interrogations, disons qu’il s’agissait des bains douches crées après-guerre ; désuets aujourd’hui mais qu’on a toujours hésité à démolir pour au moins deux raisons : leur usage encore récent de serre communale et de rangement associatif mais aussi leur caractéristique architecturale liée à celle du groupe scolaire et due aux frères LE SAUTER architectes très en vue durant les trente glorieuses* (une exposition leur est actuellement consacrée à Parthenay)
Les douches municipales – bains-douches payantes étaient un service d’hygiène public à disposition des usagers non équipés de l’eau courante qui s’est généralisé vers 1930 dans les grandes villes .
Aujourd’hui beaucoup de ces édifices ont été vendus, démolis ou modernisés (dans les années cinquante) et sont utilisés par les services sociaux gérés par les CCAS…au service de populations de transit, SDF ou familles modestes.
En 1951, la municipalité de Saint Aubin le Cloud et son maire Edouard Pied -encouragés par les dotations de l’état- engagent un grand projet basé sur l’idée que le progrès de nos campagnes a pour base l’instruction et l’hygiène .Il s’agit de la construction d’un nouveau groupe scolaire, d’une cantine, de logements pour les enseignants, d’un atelier et de douches ( ce dernier batiment allant dans le sens de « la mouvance hygiéniste » de l’entre deux guerres…)
Si le groupe scolaire, cantine, logements - sans les douches - a été inauguré avec retentissement en 1954, c’est que la construction des douches avaient été repoussée par le préfet dans une note du 6 sept 1952 comme n’appartenant pas à l’enveloppe subventionnable…ce dernier projet devant faire l’objet d’un dossier distinct à présenter à la Direction de la jeunesse et des sports….
Deux ans après l’inauguration des écoles (on y voit peut être un peu plus clair financièrement…) soutenu par l’ensemble du Conseil Municipal, Monsieur le Maire lors de la réunion du 11/11 /1956 relance le projet : les bains-douches seront construits en bord de route sur la partie restante de terrain derrière le groupe scolaire (en effet l’espace occupé aujourd’hui par l’école maternelle et les jardins était le terrain de sports de l’école prévu pour un plateau d’évolution, un terrain de volley ball et un portique à cordes)
Le plan définitif dessiné par le Cabinet Le Sauter le 6/10/1957 comprenait 10 douches collectives, 10 cabines individuelles, une cabine avec baignoire, des WC et un lavabo, le tout chauffé par une chaudière au fuel alimentant un ballon d’eau chaude de 2000 litres .
Lors de la séance du 1° décembre 1957, le Conseil valide le dossier technique d’exécution établi par l’architecte dont l’estimatif s’élève à 5 941 641 F anciens avec financement par emprunt auprès de « La Séquanaises »
Aux fins d’obtenir subvention, par courrier du 4 février 1958, Monsieur le Maire informe la sous préfecture de l’utilité indispensable de douches tant pour les scolaires, les sportifs que les habitants, précisant qu’ « elles seraient construites près du Groupe scolaire et que l’écoulement des eaux se ferait au moyen d’une canalisation souterraine rejoignant le tout à l’égout qui passe à proximité »
(à noter qu’il ne s’agit pas encore du tout à l’égout qui mène à la station d’épuration que l’on connaît…mais du réseau de collecte ….d’eaux….qui mène à la rivière…et qui d’ailleurs, ne sera jamais raccordé au réseau d’épuration mis en place dans les années soixante-dix…)
En réponse, Le Conseil départemental d’hygiène apporte son soutien au projet par un avis très favorable signé du 25 mars 1958 « Cet ensemble comprenant des douches collectives et déshabilloirs pour les enfants des écoles ainsi que tous les sportifs, et des douches hommes et femmes pour tous les gens du pays, répond parfaitement d’après les plans et devis aux conditions d’hygiène et d’urbanisme actuellement en vigueur »
Cependant, Monsieur le Maire veut aller vite (comme il l’avait indiqué dans la délibération du 1/12/1957) il demande une réduction du délai réglementaire pour la publicité concernant l’adjudication des travaux
L’adjudication – deux mois plus tard - sera validée à la séance du conseil du 6 février 1958 , la majorité des lots étant attribuée à des artisans locaux…On peut penser – avec la malice du premier magistrat de l’époque - qu’eux seuls avaient eu le temps d’y répondre…
Entreprise Collet pour la maçonnerie 2 694400 F
Renaudeau charpente, voligeage, lattis 360 000F
Coutant zinguerie 604 500F
Poireault menuiserie quincaillerie 25 000F
Dupont menuiseries métalliques, caillebotis, banquettes 427 000F
Hervé plomberie chauffage 1 386 000F
Chaigne electricité 81 800F
Jollit vitrerie peinture 2 17 376F
Au total 5 477 231 F (5% pour l’architecte)
Tous ces chiffres sont en anciens francs….(enlever 2 zéros pour avoir des francs…) *
Ce nouveau « temple de l’hygiène » fut fonctionnel en 1959.
Marcel Bodin, garde-champêtre, chauffeur de « car scolaire » préposé au pesage, au chauffage central des nouvelles écoles et au poële de la Mairie,……en devint régisseur .
Les douches étaient ouvertes le samedi après-midi et le dimanche matin et pouvaient être utilisées moyennant un droit d’entrée de 40F par enfant d’age scolaire et 80F par adulte.L’année suivante ces tarifs – inchangés pour les enfants- passeront à 100F la cabine individuelle pour les adultes et 150F pour la salle de bain…Pour se donner une idée de la réalité de ces prix, rappelons-nous que le timbre poste pour un courrier normal (20g) coûtait 25F en 1959. *
Connaissant la personnalité de M.le Maire de l’époque – Edouard Pied - qui donnait de sa personne pour encourager la fréquentation du lieu (avec la même verve qu’il le faisait pour exhorter les enfants à manger de tout à la cantine ) on aurait pu imaginer qu’ une grande animation y régnerait . Hormis au temps des foins ou des moissons où quelques gens de la campagne descendaient aux douches – ce qui était exceptionnel - ce lieu était fréquenté par les gens du bourg, et encore en petit nombre : une population généralement masculine, plus proche des associations gravitant autour de l’école que de celles gravitant autour du catéchisme…certains voyant en ce lieu autant de progrès que de possible perversion !
Certains samedi étaient comptabilisées 4 ou 5 entrées seulement! Ce n’était pas dans les mœurs !
Néanmoins cet exemple encouragea l’hygiène et l’installation progressive de salles d’eau rudimentaires dans les maisons qui possédaient l’eau courante ce qui signifia la fermeture des douches municipales fin des années soixante
(pour mémoire,les 20 pavillons du village retraite construit en 1972 - treize ans plus tard - n’avaient à disposition que deux salles de bains et 4 douches installées dans le batiment du Foyer…)
Le 20 /12 /1971 le conseil municipal décide de doubler la surface du batiment pour créer un rangement-atelier ainsi qu’une serre qui utiliserait la chaufferie des douches sous-utilisée .Ces travaux en parpaing , toiture en éverite seront exécutés en régie par les employés communaux Claude Chamard et René Cardinaud pour un cout estimé de 10 000 francs (1500 euros)
Puis ce sera le local des douches collectives qui sera transformé en seconde serre avec création d’un accès direct par l’extérieur…En effet depuis 1966 Saint Aubin s’enorgueillit d’avoir le premier prix des bourgades fleuries, il faut maintenir sa réputation, et même l’améliorer et économiser sur l’achat des plantes : c’est donc à cette époque que la commune commence à produire en quantité ses propres plants…grace aux anciennes douches !
,La partie « cabines »(coté droit du batiment) sera transformée en salle de réunion début 1981 (un investissement de 28 000F décidé le 11/11/80) puisque la commune ne dispose pas de petite salle de réunion .Terminée en février 1981 cette salle sera louée gratuitement aux associations et 50F pour une utilisation privée .
En 1984 elle sera insonorisée par pose de moquette sur les murs .
En 1986,année de la mise en place du plan informatique pour tous, la commune reçoit en dotation 6MO5,une tête de réseau et une imprimante .La salle deviendra la salle informatique communale avec convention d’utilisation pour les écoles, l’EREA et autres utilisateurs associatifs. En septembre1986 cette salle sera dotée d’un second réseau (des TO7) – dotation du Ministère de l’Education Nationale - qu’on ne peut installer à l’école par manque de place (une nouvelle classe vient d’être créée)….
Cette initiation à la programmation , au langage BASIC enrégistré sur cassette , va très vite laisser place à des ordinateurs – utilisant des logiciels grace à un système d’exploitation - vulgarisés en Gatine par le plan « 1000 micros » mis en place par la ville de Parthenay…
La construction de l’Ecole maternelle libérera de l’espace dans l’Ecole Primaire ce qui permettra de rapatrier le matériel informatique et de le moderniser….
Le chauffage prend de l’âge, le fuel est très cher, le site est désormais inadapté
En 1995 la salle de réunion - transférée à l’arrière de la nouvelle Mairie devient réserve des écoles (vieilles tables, matériel pédagogique hors d’âge et d’usage, costumes et matériels des fêtes des écoles…….)
En 1997 les serres seront installées dans les nouveaux ateliers communaux tout récemment construits
Depuis 1997, les élus auraient bien démoli ce bâtiment…pour y voir plus clair, libérer de l’espace ,faciliter les accès … mais ils ont été freinés par des architectes du Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement (C.A.U.E.) qui ne désirent pas effacer du patrimoine- sans autre réflexion - le souvenir des Frères Le Sauter : les bâtisseurs de l’après-guerre , maîtres de la brique et du béton…
La réflexion suit son cours…
Dominique Boutin
*Les anciens francs ont eu cours jusqu’en 1959, ils seront remplacés par les nouveaux francs le 1/01/1960 (100F de 1958 deviennent 1F ou 1 NF en 1960…lesquels NF deviendront des euros….)
*Roland et Léon Le Sauter architectes de 1941 à 1980 sont à l’origine de nombreux batiments dans notre département (Palais des Congrès de Parthenay, Tour de la Mara , Ecole Montgazon, Hotel StJacques et à StAubin, Groupe Scolaire, l’ensembleMairie-Poste-Salle du Foyer Rural, EREA)
Une création de batiments de béton aux lignes épurées, strictes….
Pour en savoir plus se référer au livre de Stéphanie Tauziere « Les architectes Le Sauter en Deux-Sèvres » disponible au service du patrimoine à Parthenay.
Pourquoi cette route qui relie la commune au chef lieu de canton n'est-elle pas d'un entretien uniforme sur toute sa longueur ?
C'est ce que nous allons essayer d'éclaircir à défaut de comprendre…
Enfourchons un vélo pour parcourir ce "chemin" et oublions la circulation pour en apprécier son parcours torturé, ses contrastes paysagers mais aussi ses dénivelés …
Peu de constructions jalonnent le bord de la route : uniquement des bâtis récents (XIXème, XXème) profitant ainsi de la voirie existante, repérables immédiatement à leurs haies de lauriers ou autres cyprès défigurant le paysage ambiant de haies bocagères et de futaies au hasard desquelles se découvrent de nombreux petits chemins qui mènent à des villages ou des maisons nobles beaucoup plus anciennes, tapies dans la verdure, construites pour certaines dès le XIIIème siècle au beau milieu des terres de leurs propriétaires….
UN PEU D'HISTOIRE … tout d'abord…
Partant de la départementale 140 (Parthenay StAubin Pougne ) quasiment face à la mairie cette "route de Secondigny" aujourd'hui dénommée VCN°1 (voie communale N°1) traverse le secteur récemment urbanisé (XXIème siècle) : la Poinotière (du nom d'un ancien propriétaire des lieux) qu'elle sépare d'une des maisons nobles parmi les plus anciennes de la commune: Les PETITES BORDES, (Les Bordes citées dès 1218…) tenues en 1492 par les ROIGNE faisant partie du fief des Cinq Masures - arrière fief de la Chatellenie de CHATEAUNEUF en GATINE relevant elle-même de la baronnie de Parthenay.
Ce village au XVIIIème vit la naissance d'un veau à trois yeux! l'événement, "une curiosité", comme on disait à l'époque, était d'importance puisqu'il fut relaté dans la revue hebdomadaire "Affiches du Poitou" en 1780 (revue de 4 pages ne paraissant que le jeudi pour tout le Poitou!)
"il est né, il y a environ 20 jours, chez le nommé Bonnin, colon de la métairie de la Petite Borde, en la paroisse de Saint Aubin le Clou, un veau qui a trois ieux, c'est-à dire deux ieux naturels, à la place ordinaire, biens clairs, bien conformés, et un troisième au milieu du front et dans un sens différent – c'est-à-dire du haut en bas mais il n'y a ni blanc ni cristallin…ce n'est qu'une cavité entourée de cils et de paupières qui suivent le même mouvement chaque fois qu'il remue ceux des ieux naturels…."
Sortant de la zone agglomérée, un coup de rein plus loin, nous voici à Sainte Florence (1923) puis (attention au virage de la mare….) sur la droite, à une centaine de mètres s'élève au fond de ce qui est aujourd'hui un village une maison noble citée dès 1300 dans le "Grand Gauthier" (Lemousiniere) aujourd'hui La LIMOUSINIERE : il s'agissait d'une Aumônerie sur le chemin de St Jacques de Compostelle dans laquelle les pèlerins trouvaient gite et couvert.
Tenue en 1503, par Charles Duplessis, seigneur de Saint Mesmin par alliance avec Louise de Montfaucon sa femme, elle relevait elle aussi de la Chatellenie de CHATEAUNEUF en GATINE. Elle fut rachetée en 1584 par François Garnier, seigneur de MAURIVET puis en 1838 par les DUPUY-SAGET…de Poitiers puis morcelée par succession en 1922.
A noter qu'en 1984, on y trouvait encore - à défaut du gîte - le couvert dans une étable tenue par Denis ADDE et que? dans les années 2000? le logis au fond du village fut joliment restauré….
Encore un petit coup de pédales et la vierge de la Belinière portant scapulaire (vêtement monacal) nous invite à nous arrêter, car là aussi, comme pour la mare précédente le lieu est accidentogène
Ce carrefour était le site d'un calvaire tombé - de vieillesse - en février 1957 - site tout trouvé pour y installer une Vierge qui commémorera l'année mariale de 1958, année du centenaire des apparitions de ND de Lourdes. Après une neuvaine prêchée par les Pères Perrin et Goureau, à l'invitation de l'abbé Gourdon - curé de la paroisse, la statue de la vierge fut portée en procession de l'église jusqu'à la Belinière sur un chemin décoré d'arcs de triomphes réalisés chacun par un des secteurs de la paroisse. (De nombreuses familles saint aubinoises possèdent une photo - souvenir de cette journée, chacun ayant eu à cœur de "poser" sous "son arc" )
A une centaine de mètres, on aperçoit les toits de la maison noble de la BELINIERE qui, elle aussi, relevait de la châtellenie de CHATEAUNEUF en GATINE tenue vers 1388 par la famille DAVID de Gâtine, seigneur de la Chabirandière (Largeasse) puis au XVIIIème par la famille ESCHALLARD. Même si une grande partie a disparu (tours) ou s'est effondré, l'ensemble fut "bellement" restauré dans les années 2000.
Puis on se laisse aller, laissant à droite Le Rocher (1863), à gauche La Petite Poussatière (1868), Roblin et sa carrière aux bancs horizontaux qui dans les années cinquante fournit l'empierrement de nombreux chemins.
Dans l'atmosphère, d'un vrai chemin de Gâtine, on franchit le Palais grâce au "pont" dit de la Guillonnière. Créé en 1868 pour un coût de 850F or, il a été emporté par les eaux de l' hiver 1903 et reconstruit provisoirement en 1904 (427,37F) … du provisoire qui dure grâce à un aqueduc….
Du "Pied du Pont" (humour du propriétaire), on remonte à la cote 220 au carrefour dit de la Belle Etoile et redessiné deux fois, en 1870 puis en 1992.
A quelques mètres sur la droite … LA MARIERE maison noble citée dès 1262, tenue au XVème par les DE LA COURT Seigneur du Fontenioux (aveux de 1469 et 1496) puis par les CHAUVIN seigneurs du Theil et de la Marière, puis les JOUBERT de Cissé…les COURTIN…GUILBAUD…CHAUBIER …
Il ne reste rien des bâtiments du Xvème, ni de la chapelle où l'on honorait Saint Fièvre guérissant les états fébriles si ce n'est une sombre histoire de dîme non réglée au curé de Saint Aubin (à qui il ne la devait pas d'ailleurs!) mais qui provoqua un procès (1651 – 1655) entre Philippe Chaubier (époux de Marie Guilbault) seigneur de la Marière et François Houmeau curé de Saint Aubin .
Encore quelques coups de pédales et nous voici aux limites de la commune (croisement avec le GR 36-364) après LINIERE. Haut-Linière : ferme fortifiée à l'écart du chemin sur la droite qui, provenant de la famille DARROT, fut vendue comme bien d'émigré le 22 messidor an 8 (22/07/1800) aux CLISSON d'Azay…..
Impossible de se tromper : quand la chaussée change de revêtement c'est qu'on change de commune…
Moi qui croyais que cette voie reliant Saint Aubin au chef-lieu de canton était une route départementale, mais non! Nous venons de parcourir les 4 314m du chemin communal N°1, ce qui explique que l'entretien ne soit pas "en continu" jusqu’à Secondigny!
Ceci mérite quelques explications
Au XIXème Saint Aubin-Secondigny Chemin Vicinal Ordinaire N°2
Au début du XIXème, dans le cadre des classements annexes aux routes impériales, ce chemin qui conduit de Saint Aubin à Secondigny est reconnu et classé chemin vicinal N°2 (VO N°2) d'entretien prioritaire (par la création de la taxe vicinale obligatoire)) sur 4 314m. Cinq autres chemins ont à l'époque le "même classement", à savoir le chemin N°1 StAubin - Parthenay(VO1), le chemin N°3 StAubin - Azay (VO 3), le chemin N°4 Secondigny - Pougne (portion qui passe sur la commune) (VO4), le chemin N°5 StAubin - Pougne (VO5) et le N°6 StAubin Fénéry (VO 6).
Les lois de 1836 (dites lois de Montalivet) obligent pour la première fois de l'histoire les communes à définir les chemins qui en dehors des chemins déjà prioritaires seraient reconnus d'utilité publique.
Le conseil municipal de Saint Aubin le Cloud se réunit donc le 9 avril 1841 pour valider officiellement le classement de nouveaux chemins qui seront donc entretenus par la commune avec participation obligatoire (sous forme de journées de travail) de chaque propriétaire riverain.
En tête du tableau de classement, on trouve tout naturellement nos 6 chemins par ordre des numéros sans autre description que les directions indiquées ci-dessus, puis une liste de 30 chemins nouveaux décrits dans le détail et numérotés …..
Classés à part et d'importance, ces 6 chemins seront - après 1871 - intégrés tout naturellement parmi les chemins départementaux.
Sauf que le chemin Saint Aubin Secondigny qui était le N°2 par ordre d'importance dans le classement de 1841 n'apparaît pas en chemin départemental … quelques années plus tard … ni encore aujourd'hui!
Aucun document, ni en mairie, ni au département, ne permet d'expliquer pourquoi cette voie nous reliant au chef lieu de canton ne fut pas classée en voirie départementale … mais on peut penser que la collectivité de l'époque n'y prêta que peu d'attention puisqu'une délibération nous apprend qu'aucuns travaux ne furent engagés sur cette route avant 1870 au motif clairement énoncé que "la commune a trente autres chemins ruraux "reconnus" à mettre en état"…et que - à l'évidence pour nos élus - ce chemin est entré dans le classement des chemins départementaux comme les 5 autres...
TRAVAUX au XIXème siècle
Les tout premiers travaux dont on trouve trace dans les registres de délibérations concernent le carrefour de la Marière et donc pas vraiment le VO2.
En 1870, en effet, le chemin de St Aubin à Secondigny est redressé à son intersection avec celui allant de la Baralière à Azay. Ce redressement va amener un délaissé de terrain de 32 ares (entre l'étang et le carrefour) sur lesquels sera construite en 1880 en bord du chemin une petite maison (2 pièces avec grenier et une écurie), pavillon logeant le garde-chasse … des propriétaires de la Marière de l'époque, les FURGIER.
La Marière sera démantelée fin XIXème. Les nouveaux propriétaires d'une des parties des terres construiront en 1946 un nouveau siège d'exploitation sur l'emplacement du pavillon de chasse, "La Belle Etoile"
Il faut se rappeler qu'un tableau d'entretien est établi chaque année, que les chemins sont empierrés à la demande des conseillers municipaux du secteur. Ainsi, chaque année, en fonction des demandes, quelques "mètres" de pierres sont attribués, mis en place par les riverains et les cantonniers de la petite vicinalité qui n'ont pas de statut autre qu'intérimaire employés tant que le budget vicinal voté pour l'année le permet (ils étaient souvent débauchés en été… ce qui leur permettait de travailler aux gros travaux des fermes … et ce jusque dans les années cinquante …)
TRAVAUX AU XXème siècle
En 1934 premier empierrement et cylindrage du VO N°2
Le chemin sera rechargé avec 282m3 (une misère!) de pierres de la Violette (Adilly) exploitée par la société Emery et cylindré au printemps 1935 par la société Bourdin entrepreneur à Angers pour 6 784,50F (déplacement compris, piochage de la chaussée, motopompe)"
C'est le début de l'utilisation de moyens mécaniques … une curiosité … et le début de l'amélioration du réseau des chemins par l'empierrement (qui parait aujourd'hui très dérisoire … 10cm de pierres seulement … mais il n'y circulait que quelques charrettes et voitures à cheval!!).
Entre 1934 et 1947, trois chemins seulement seront empierrés. Il faut dire qu'entre la première demande de subvention (à laquelle seuls les chemins "reconnus "ont droit et l'achèvement de l'empierrement, il faut au moins une vingtaine d'années …)
A partir de 1947 - Edouard Pied, Maire, entame un programme ambitieux d'empierrement et … de goudronnage des chemins, de tous les chemins !
ANNEES CINQUANTE : nouvel empierrement et revêtement d'émulsion-bitume
Lors de la réunion du 19 mars 1950, Monsieur le maire indique que
"le cylindrage du Vicinal Ordinaire N°2 sur 4314m est urgent" : le conseil "demande officiellement de mettre ce rechargement cylindré du VO N°2 dans le Plan d'Equipement National d'après-guerre pour une estimation de 2 835 000F" prétextant que "la commune a fait un gros effort pour son équipement : rien que pour la voirie, elle a dépensé à ce jour 8 millions de francs …." (budget annuel en 1947 : 2,5millions de francs anciens (25 000NF) … le timbre était à 10 centimes de franc ancien)
Ce n'est pas le seul empierrement - cylindrage que M. le Maire a en tête mais le goudronnage complet de cette route (chose quasiment inimaginable à l'époque pour un chemin vicinal!!!)
Ce qui nous permet de l'affirmer, c'est que le 11 novembre suivant, le conseil approuve le marché traité de gré à gré par M. le Maire avec la société Colas pour 23,4 tonnes "d’émulsion bitume à 50%" (le goudron) pour le VO N°2 pour un montant de 236 521F au prétexte qu'"il n'y a pas meilleur prix, puisque c’est cette société qui fournit le département" … et le 11 décembre, le conseil valide de la même façon (de gré à gré) la fourniture de 700m3 de pierres sur le VO N°2 pour un montant de 731 500F par la société Emery ….
Le projet est bouclé, reste à attendre la subvention de l'état…
Quelques aller-retour - parfois "musclés" - de notre Maire en préfecture lui permettent d'annoncer lors de la réunion du 8 janvier 1951 que "dans le cadre du Plan d'Equipement National", une subvention de 2 041 200 est accordée pour un rechargement cylindré sur 4 314m du VC2 laissant à la charge de la commune 793 800" et sur le champ" M. Le Maire propose de réaliser" un emprunt de 800 000F puisque les marchés de fournitures ont été passés …
C'est ainsi que durant l'année 1951, le chemin Vicinal Ordinaire N°2 sera le premier chemin empierré revêtu de ce qu'on appelait l'émulsion bitume dont bénéficieront par la suite un grand nombre de chemins dans les années cinquante à en faire pâlir d'envie toute la Gâtine alentour …
1960 NOUVEAU TABLEAU DE CLASSEMENT
Les chemins vicinaux (VO) deviennent communaux (VC) (pour mémoire année du passage de l'ancien franc au nouveau franc )
Avec l'augmentation de la circulation due à la mécanisation des campagnes (véhicules à pneus … et tracteurs …), il faut adapter la voirie et renouveler les classements : les chemins vicinaux (VO) deviennent communaux (VC), de nouveaux chemins ruraux d'intérêt général sont créés (ordonnance du 7 janvier 1959)
La taxe vicinale et ses centimes additionnels disparaissent et le budget voirie devient un chapitre obligatoire du budget communal ; les cantonniers officiellement nommés intègrent petit à petit la fonction publique territoriale (à St Aubin : toujours une longueur d'avance, c'était déjà fait depuis 1957….)
La municipalité profite de ce nouveau projet de classement pour demander que le VC N°2 au moins pour les 4 134m sur son territoire (Secondigny n'a jamais manifesté la même intention à notre connaissance … mais n'est pas opposé ) devienne départemental par une délibération très argumentée … du 27 juin 1960 " par le fait que la commune n'est pas reliée directement au chef-lieu de canton Secondigny par un chemin d'intérêt général ce qui est anormal et représente un cas unique dans le département. Toute la circulation venant d'Adilly et qui aboutit à Saint Aubin emprunte ensuite ce chemin communal pour se rendre à Secondigny. La commune a suffisammen à faire avec ses 44 635m de chemins communaux sans avoir en charge un chemin qui satisfait à l'intérêt général. Ce chemin est en parfait état de viabilité pour avoir subi un rechargement cylindré normal et deux revêtements bitumineux."
Le nouveau dossier de classement est présenté au conseil le 22 février 1961, il est approuvé à l'unanimité alors que curieusement l'on voit réapparaître le chemin Saint Aubin Secondigny VO N°2 classé en tant que VC1 … rien de changé si ce n'est sa place dans le classement … !
Le 25 février 1963 à nouveau, la municipalité demande avec insistance le classement dans la voirie départementale du VC1 en reprenant les mêmes arguments qu'en 1960 et en notant de plus "que la commune ne peut pas d'une manière répétée refaire une chaussée d'un chemin qui satisfait plutôt l'intérêt général que son propre intérêt".
Une lueur d'espoir le 20 mars 1963 : M.le maire présente qu' "il est possible que le Conseil Général dans un avenir très prochain envisage le classement dans la voirie départementale de certains chemins qui représentent un intérêt général" : tel est le cas sur le territoire communal du VC1 (Secondigny-StAubin) et qu'il faudrait même en profiter pour classer le VC2 (qui relie le CD140 StAubin-Parthenay à Adilly) en voie départementale … "Il suffit de regarder la carte routière. En effet, l'important chef lieu de canton et toute la région départementale ou de la Vendée à l'ouest de cette localité est reliée à la région Lageon, Airvault, St Loup par cet itinéraire …". La même délibération sera reprise en 1969 mais rien n'y fait. Pourtant, M. le Maire est Conseiller Général (1964/1970)
La route de Saint Aubin- Secondigny reste communale.
DEPUIS LES ANNEES QUATRE VINGT DIX…
A part de menus travaux d'entretien ou de sécurité (glissières de sécurité à La Limousinière en 1977 et quelques bordures à la Belle Etoile ), on n'entendra plus parler de la VC N°2 jusqu'à ce que la commune sur une demande de plus en plus forte des utilisateurs, envisage dans les années 90 d'améliorer cette voirie …
Le 28 mars 1990, le conseil approuve les plans relatifs au carrefour de la Belle Etoile ainsi que la reprise des courbes des Petites Bordes et de La Blinière proposés par la DDE.
Le carrefour de la Belle Etoile, pour raisons de sécurité, est déplacé et redessiné en 1992 repoussant l'intersection du VC 13 (La Barralière-Azay) avec le VC 2 au point le plus haut de la butte (cote 220) pour une meilleure visibilité.
En mai 1993, M le maire est mandaté par son conseil pour finir les aménagements et une nouvelle étude en vue d'améliorer cette voie (rectification de virages et renforcement de la chaussée aux carrefours de Chabosse, Linière, Petites Bordes, Poussatière) est validée sur un chiffrage DDE s'élevant à 254 180F HT auxquels il faut ajouter l'achat des terrains moyennant 2F du m2. Ces travaux sont réalisés à l'automne 1995 par l'entreprise Racaud mais ne donneront pas satisfaction … Ce travail qui paraît superficiel pourrait être dû au fait qu' "un différent important dans les fournitures des matériaux par rapport au marché initial a été constaté" (réunion du 9/02/95). La municipalité "spoliée" ne "touchera" plus à ce chemin, sauf pour son marquage qui sera fait avant l'hiver .
La circulation allant se densifiant, l'entrée en communauté de communes étant plus que jamais à l'ordre du jour, la municipalité une fois encore en 2001 se tourne vers le Conseil Général reprenant à plusieurs reprises les arguments anciens auxquels se sont ajoutés les comptages de véhicules (en 2004), des projets d'échange de voiries (en 2006), un projet d'itinéraire bis Secondigny-Parthenay passant par StAubin (en 2007) sans résultat si ce n'est que l'itinéraire validé par le Conseil Général pour rejoindre le chef lieu de canton passe officiellement par Azay, ce qui explique que cette route départementale fut "rechargée" en 2004.
Chacun l'aura compris, la Voie Communale N°1 ne sera jamais une voie départementale (une trentaine de communes du département ne sont même pas traversées par une voie départementale)
Cependant, grâce à l'intégration de Saint Aubin dans la Communauté de Communes Espace-Gâtine, elle sera reconnue voie d'intérêt intercommunal, et c'est à ce titre que des travaux vont y être entrepris en 2012 … mais … sur le territoire de la commune uniquement !!! car si la voirie est de compétence intercommunale, sa gestion est restée communale !!! Allez comprendre!
PS : Je remercie chaleureusement les nombreuses personnes qui m'ont permis de partager leurs souvenirs au travers de récits et photos, mais je reste à la recherche de documents (photos même en mauvais état) des années 1920 – 1980 (écoles, mariages, communions, scènes de la campagne, réfugiés, cortèges, fêtes diverses…) N'hésitez pas à me contacter … vous avez sans doute le document, le témoignage qui me manque … en échange, j'ai peut-être la réponse à une question que vous vous posez … ( boutindo@live.fr )
Dominique BOUTIN
LES MOULINS A SAINT AUBIN LE CLOUD
L'ouverture au public du chemin de Chabosse récemment inauguré nous donne l'opportunité d'évoquer l'histoire des moulins sur notre commune.
Si la meule et son utilisation date de la plus haute antiquité, on ne connaît pas vraiment l'origine des moulins…mus d'abord par les esclaves et les condamnés, puis par des animaux…mais là aussi on ne connaît ni le pays ni l'époque précise où la force de l'eau fut pour la première fois substituée à celle de l'homme ou des animaux.
Quant au moulin à vent, son origine est tout aussi incertaine (l'acte le plus ancien remonte au XIIème siècle
A Saint Aubin les "traces" d'existence de moulins se manifestent le plus souvent par le nom de pièces de terre "champ du moulin" visibles sur le cadastre napoléonien de 1838 … On n’en compte pas moins de 6 sur la commune …Pour ce qui est des traces écrites, les plus anciennes remontent au XIIème, il s'agit de moulins de seigneurie.
LA MARIERE - ROBELIN
La présence de moulin à Saint Aubin le Cloud est attestée pour la première fois dans un parchemin (H34) du XIIème siècle au sujet de La Marière qui - y lit-on - " tient à la rivière du Palais au chemin de Vernoux à Parthenay près duquel était assise la tonnelle de son moulin à vent"…
Dans les archives de la Bretonnière on trouve trace en 1424 d'un " moulin à eau sur le Palais" à Robelin.
On peut imaginer que ces deux moulins dont on ne retrouve aucune trace aujourd'hui appartenaient aux puissants seigneurs de la Marière (Thomas de la Marière) eux seuls en avaient ce privilège dans la société d'ancien régime.
Rappelons que moulin à eau et moulin à vent allaient de pair : ainsi quand les eaux baissent (étiage) ou qu'elles sont trop fortes (crues) les ailes du moulin à vent remplacent les roues à aubes devenues inutilisables…
LA MENANTIERE
Au XVème, dans la baronnie de Parthenay on relève un arrière-fief (le peschage du Palais) libellé ainsi
« Le peschage du Palais, commençant près du moulin de Saint Aubin allant à l’eau de Gourry et à l’étang de Ridéasse, jusqu’à l’eau du seigneur de Frondeboeuf, à cause de son lieu de Boisder et finissent au moulin de la Menantière" (1492)
Moulin disparu au XVIIIème (il n'est pas sur la carte de Cassini) Seul reste aujourd'hui "le champ du moulin" …pas trace de moulin à vent non plus…
LES VRIGNAUDIERES et moulins sur le GORRY.
Il existait au moins trois moulins à eau sur le Gorry …
Il y avait un moulin à eau sans doute proche de la chaussée du grand étang car dans les archives de la Barre on trouve en 1563 un accord entre Sylvestre des Francs seigneur des Vrignaudières et Jean Pérochon du village d'Ardéasse (Hardias) au sujet de dommages que cause à une pièce de terre et à un pré l'eau du moulin des Vrignaudières
Le seul vestige qu'on en ait c'est "un petit champ du moulin" sur le cadastre de Fénéry (le ruisseau fait la limite des communes)
En allant vers la carrière, à peu près au niveau de celle-ci, sur le Palais, une autre chaussée où les ruines d'un ancien moulin étaient visibles dans le "champ du Moulin".
Un moulin à vent a dû exister également sur la butte où l'on trouve une parcelle dénommée "champ du moulin"…Les Vrignaudières étaient une seigneurie
Sur le Gorry "au pied" du village des Grandes Bordes une chaussée dont on ne trouve plus trace aujourd'hui; là aussi la parcelle située entre le ruisseau et l'ancien chemin s'appelle "champ du moulin", moulin qui devait dépendre des Grandes Bordes (derrière Lorière)
On note aussi l'existence d’un moulin à vent aux Brousses au carrefour (à droite en descendant vers la Caillerie du Chemin de Vernoux-Parthenay et la voie communale 16 dite des Petites Bordes ) démoli avant 1914 . On y trouvait encore les débris de meules en 1919.
Au Martinet près d'Adilly un moulin à vent est noté sur la carte Cassini
Mais sans conteste les moulins les plus importants de Saint Aubin furent bien ceux de CHABOSSE « jumelé » aux moulins à vent de la Satière et le GRAND MOULIN de Saint Aubin jumelé avec un moulin à vent aujourd’hui disparu que l’on pourrait situer à l’entrée de la rue du Parc tel qu’on le voit sur la carte de Cassini (Voir page 47).
LE GRAND MOULIN DE SAINT AUBIN
Il est bien difficile de "reconstituer" ce moulin situé aujourd'hui au 84 rue Gastel : une portion du canal de dérivation existe encore mais la plus grande partie a été comblée pour former un chemin partiellement entré dans le domaine privé ; la partie la plus visible serait le canal de décharge, ce chemin entre les maisons qui aboutit près du pont…
Voici comme il est décrit ainsi en 1860 par le service hydraulique des Ponts et chaussées "situé entre celui de Chabosse en amont et celui de la filature Hubelin en aval, l'eau arrive au moulin par une dérivation ayant environ 500m de long. A l'origine de la dérivation se trouve un déversoir de 9 mètres de long dont la crête en dérasé a la cote de 39,961. Le vannage de décharge situé à 275m de l'usine présente une largeur libre totale de 0,86m. Il se compose de deux vannes dont la première a son seuil à la cote 40,914 et son couronnement à la cote 40,006. L'eau au sortir du moulin va rejoindre le cours actuel du Palais à 32m de distance…"
(Arch. Dép. S381)
(Plan réalisé par le service hydraulique des Ponts et Chaussées en 1860 où l'on voit le site du Moulin et celui du moulin à vent matérialisé par un point noir)
photo n 2
Quant au moulin à vent, on sait seulement qu'il a existé…puisqu'il est représenté sur la carte Cassini en 1750 et qu'on le retrouve sur le cadastre napoléonien en 1830 et sur un plan des Ponts et Chaussées en 1860…. il aurait été détruit en 1903/04 .
Sous l'ancien régime dès le XVème ces moulins dépendent de la seigneurerie des Vrignaudières et sont tenus encore au XVIIIème par les des FRANCS seigneurs des Vrignaudières …
Après la révolution, le propriétaire des deux moulins est le meunier Jean BLAIS, en 1838 son gendre Pierre GIRAUDEAU prendra la suite.
En 1854 les deux moulins seront propriété de Pierre POINOT (meunier à Azay) qui fera construire La Poinotière.
En 1871 Jacques GUILBOT meunier de la Satière, où il possède un moulin, rachète les Moulins de Saint Aubin. Sa succession sera assurée en 1893 par Barthélémy GUILBOT.
Selon la matrice cadastrale le moulin à vent est démoli en 1903 et le moulin à eau porté en bâtiment en 1910.
D'aucuns prétendent qu'il a fonctionné encore plus tardivement même après la première guerre mondiale pour la farine destinée au bétail…
MOULIN DE CHABOSSE
Le moulin de Chabosse fonctionnait en complémentarité avec le moulin à vent de la Ressolière (aujourd'hui La Satière) dont le propriétaire était le même…
Sans conteste c’est le moulin le mieux conservé de notre commune.
Le chemin de promenade suit pour partie le bief (canal dérivé du Palais) d’amenée d’eau à l’ancien moulin de Chabosse propriété actuelle de Michel Guyot…
Malgré les différentes utilisations de ces lieux depuis 1909, date à laquelle il est devenu bâtiment agricole, on peut imaginer encore aujourd’hui l’essentiel de sa configuration.
A l’extérieur ? on reconnaît précisément la description qu'en faisait l'ingénieur du service hydraulique des Ponts et Chaussées lors d'une visite le 28 septembre 1859.
"Le moulin de Chabosse est le premier situé sur la rivière du Palais, celui immédiatement en aval est le moulin de Saint Aubin. L'eau est amenée au moulin par une dérivation de 750m dépourvue de déversoir.
Près de la vanne motrice se trouve une vanne de décharge présentant une largeur libre de 0,60 ayant son seuil à 34,25. Le canal de décharge rejoint le lit naturel à 70m du moulin et le canal de fuite le rejoint seulement à 250m. La retenue habituelle se fait à hauteur de 33,25m (niveau aucunement dommageable aux propriétés riveraines)…Le repère provisoire 32,29m se situe sur la porte du fournil attenant au moulin…"
(Arch. Dép. S381)
Ce qui a disparu aujourd'hui ce sont les deux roues à aubes dans le canal forcé le long du moulin.
A l’intérieur dans la partie proche du canal : la meunerie où longtemps tout est resté en l’état ou démoli suivant les besoins de la borderie qui occupa les lieux. Mais on peut encore aujourd’hui reconnaître les charpentes, le support du grand axe central actionnant les meules ainsi que des poulies précieusement conservées par les actuels propriétaires ….
Ce « grand moulin » - d'origine seigneuriale - est bien mentionné dans les arrières-fiefs relevant de Châteauneuf, il devait donc exister au XVème, voire bien avant au dire du propriétaire, mais prit de l’importance au XIXème après la révolution lorsqu'il fut racheté par des roturiers.
En 1838 il appartient à M. NAUD qui est aussi propriétaire des deux moulins de la Satière - lieu où un seul moulin à vent existait dès le XVIIIème.
En 1845 les moulins de Chabosse et de la Satière deviennent propriété de M.DEMAYVIERE d'Artois (écrit aussi Demévière par le service des Ponts et Chaussées…)
A ce propos évoquons la réglementation stricte concernant les autorisations de fonctionnement des "usines situées sur les cours d'eau" (lois d'août 1790 et d'octobre 1791) et rappelée à M.Demévière (ou Demayvière) par l'ingénieur chargé de l'hydraulique des Ponts et Chaussées dans une note datée du 31 mars 1860 (arch.SC 8767)
"le permissionnaire ou ayants droits sont tenus d'entretenir constamment le bief…le meunier est responsable des niveaux dont la hauteur maximum sera à 86cm en contrebas du seuil de la porte du fournil attenant au moulin- point pris pour repère provisoire- avant pose d'un repère départemental…Le meunier sera responsable des niveaux sous peine de déchéance…5 vérifications annuelles seront effectuées… (Arch. Dép. S381)
L'année précédente, M.Demevière avait dû relever une digue rive droite de 30cm de haut et 60 de large pour être autorisé à poursuivre ses activités…les directives sont précises : en 1861 le niveau de retenue est fixé à 0,86m, en 1862 le service hydraulique des Ponts et chaussées demande l'abaissement de la vanne de 4cm ….
1863 Louis BARRAUD sera le meunier de Chabosse et de la Satière.
Jacques PINEAU, son gendre demeurant au moulin de Chabosse prend la suite en 1882.
Enfin, Louis NAUD sera le dernier meunier de Chabosse et de la Satière…
La matrice cadastrale indique que les moulins deviennent bâtiments agricoles en 1911 ce qui signifie qu'ils ont cessé de fonctionner bien avant.
MOULINS DE LA SATIERE
Un seul moulin – sans doute en bois - sur la carte de Cassini et un siècle plus tard, deux moulins de base circulaire construits en pierre comme on le voit sur le cadastre napoléonien de 1838.
L'un des moulins à vent à Louis Naud (parcelle 106) sera démoli vers 1914.
L'autre (parcelle 105) à Jacques Guilbot et qui existe encore aujourd'hui se verra défait de ses ailes après guerre dans les années cinquante suite à l'accident du jeune Goudeau…
Ce moulin-tour, construit en moellons, avait des ailes d'une envergure d'une quinzaine de mètres (12 minimum) si l'on en croit celles qui ont été réutilisées en charpente dans le domaine privé…
Aujourd'hui, arasé et couvert en un seul versant de tuiles creuses, il a été rénové et abrite un gite rural.
Le dernier (les derniers) moulins à Saint Aubin: la filature
Jacques HUBELIN fabricant de draps à Parthenay installe en 1847 une filature mue par une roue à aubes à Saint Aubin au lieu-dit Le Patis à La Guillonnière.
En 1857 cette première filature est démolie pour être remplacée par une plus importante construite entièrement en pierres de taille. Parallèlement la même année Jacques Hubelin fait construire un moulin à blé.
En 1864, la maison, la filature et le moulin sont vendus à François NEAU meunier à La Peyratte. Celui-ci en 1867, malgré une loi de 1854 interdisant de construire des moulins à vent à moins de 70m d'une route au prétexte que l'ombre des ailes pouvait effrayer les chevaux (sic) – fit construire sur le bord du chemin de Saint Aubin à Parthenay le Vieux dans la parcelle des « Epierrailles » un moulin à vent complémentaire de celui de "la Filature".
Il sera démoli en 1903, et en 1933 le moulin à eau n’existera plus…
Il n'y a plus de moulin à Saint Aubin, ils ont été remplacés par des minoteries actionnées par moteur à vapeur (souvent installées sur d'ancien moulins à eau qui restent l'énergie de remplacement comme au Cerisier ou à la Brunière du Tallud sur le Thouet). Celles-ci ont disparu à leur tour dans les années soixante-dix….
Dominique Boutin (boutindo@live.fr)
Remerciements à M. Mme Guyot qui nous ont ouvert les portes de "leur moulin".
Le Goury ? Qu’est-ce ?
C’est un ruisseau dont une grande partie du cours serpente sur le territoire de la commune et se jette dans le Palais.
Un bien modeste ruisseau certes !
Invisible sur les cartes à moins que ce soit la carte au 1/25 000 ème ou le Plan Cadastral, mais dans un cas comme dans l’autre, nous verrons écrit son nom officiel « Le Ruisseau du pont de bois ». Cependant pour ceux qui le connaissent, c’est « Le Goury » qui est d’ailleurs son nom le plus ancien. C’est d’ailleurs le nom qu’il porte dans les aveux de Chateauneuf en Gatine au XVème siècle. Sur les registres des délibérations, on trouve aussi « le Gaury ».
Ceux qui ne le connaissent pas se sont pourtant aperçus de son existence … Rappelons-nous, en sortant du bourg en direction de Parthenay, vous avez remarqué, en période de forte pluviométrie, au bout de la ligne droite «avant le lieu-dit »Le Chalet » (chalet Amirault) que les champs de chaque côté de la route étaient inondés … eh bien, c’est lui le responsable … A cet endroit, il longe la route.
Mais qu’a d’intéressant ce ruisseau qui en été n’est qu’un mince, très mince filet d’eau. A sa façon, il vient nous donner des preuves de l’évolution de la Gâtine depuis les temps les plus reculés … bien avant les écrits.
Tous les livres d’histoire locale nous rapportent que la Gâtine (pays de terres gâtées) est pays de marécages - puisque le mot « gât » signifie « ancien marais ». La gâtine donc était jadis une terre couverte d’étangs, étangs tous construits de la main de l’homme. Pourquoi tous ces étangs ? Certes, à cette lointaine époque, il n’est pas question d’irrigation ou d’utilisation économe de l’eau, ni de retenue d’eau pour arroser les maïs, ces plantes n’étant pas encore connues. Les étangs sont plutôt des viviers des réserves de poissons.
Le Moyen Age a connu une période de foi particulièrement vive. L’église impose des jours et des périodes de jeûne beaucoup plus nombreux et longs que ceux qui sont observés de nos jours. On connaît par exemple le mardi gras mais ce jour de festivité est la veille du Carême un long carême que l’on respectait, que l’on devait respecter que l’on avait intérêt à respecter. Certes, en cette lointaine époque, les périodes de jeune ne dérangeaient guère les paysans, les gens du peuple. Ceux-ci faisaient de force carême presque à longueur d’année. Pour les plus aisés, la viande n’apparaissait sur la table qu’à Pâques et à Noël. La terre appartient au seigneur et au clergé. Eux ont besoin de poisson pour les périodes de jeûne. C’est pourquoi ces nombreux étangs font partie des « réserves » des propriétaires de terrain au même titre que les garennes et les bois. Ils permettent encore parfois aux paysans d’aller faire boire le bétail.
Une autre utilité de ces étangs : les exploitations agricoles vivent alors en totale autarcie.C’est pourquoi les parcelles cultivables sont ensemencées en bled. Il faut moudre le grain. Ces étangs permettent souvent d’actionner les roues à aubes des moulins. D’ailleurs, seul le seigneur a le droit de construire un moulin (avec l’accord de son suzerain direct).
Suivons donc son cours
Il prend sa source dans la commune de Fénéry. Cette source est-elle près de l’Aumonerie ou de la Clardière. Je ne pense pas que les géographes se soient penchés sur ce problème. Alors disons l’Aumonerie, cela lui fera presque un kilomètre de plus de longueur.
Les chaussées et les moulins du GOURRY
Il mesure environ 9 km de long. Ce sont pourtant six chaussées que l’on trouve sur son cours (dont 5 toujours bien visibles). Ces retenues d’eau ont fait tourner les roues d’au moins trois moulins.
Juste un peu avant que le ruisseau ne serve de limite entre Fénéry et Saint Aubin existait l’étang de Longeville.
Sa chaussée est marquée sur le plan cadastral de Fénéry de 1834 et elle est toujours visible. Il est question de cet étang de Longeville dans un acte d’achat fait le 7 juillet 1584 par François Garnier seigneur de Maurivet, et 40 ans plus tard, son fils, Jacques Garnier, abbé de Bonnevault, et on lit, dans un acte d’arentement « la place où était autrefois un étang … ».
Les noms de terroir rappellent l’existence de cet étang dont les eaux devaient servir à faire tourner un moulin .
En 1 existe une chaussée relativement modeste
Sur la rive gauche - commune de Fénéry - la parcelle porte le nom de « champ de l’étang ».
Cet étang est-il ce qui est appelé, dans les aveux de Chateauneuf-en-Gâtine l’étang du Petit Chatenay » ? Ou alors est-ce l’étang retenu par la chaussée 2, qui, vu son importance et la configuration du terrain, devait permettre une forte retenue d’eau ?
Dans les archives de la Barre, on trouve, en 1563, un accord entre Sylvestre des Francs, seigneur de La Bretonnière, des Vrignaudières… et Jean Perochon, du village d’Ardéasse, au sujet des dommages que cause à une pièce de terre et à un pré de ce dernier… » l’eau du moulin des Vrignaudières.
Les champs qui, au niveau de cette chaussée 2, sont sur la commune de Fénéry, faisaient partie jadis des Vrignaudières. Ce n’est qu’en 1933 que M.Saillard du Rivault les vendit à Champain.
Pour que l’eau du moulin cause des dommages à une pièce de terre et à un pré dépendant d’Hardias, on peut penser que le moulin se trouvait (peut-être) très proche de la chaussée : ce qui pourrait expliquer la présence d’une source captée à proximité du chemin. Ce moulin a dû disparaître il y a bien longtemps, en même temps que l’étang, et n’a laissé aucun souvenir dans la tradition orale. Sur le plan cadastral de Fénéry, on note pourtant une « champ du moulin » (mais un peu en amont de la chaussée).
Très important devait être l’étang d’Hardias (étang de Ridéasse en 1490). On voit la longueur de la chaussée sur le plan cadastral de 1838 (3).
Une partie de cette chaussée empierrée a été détruite lors de la construction de la maison sise près du chemin de Chatenay mais on la retrouve aujourd’hui en bordure de la route conduisant à Hardias. (la configuration du terrain et la hauteur de cette chaussée permettent d’imaginer l’étendue de cet étang… Des noms de terroir rappellent l’existence de cet étang, mais on ne sait pas quand il fut asséché…
Revenons au « Pont de Bois ». Jadis, on parlait plutôt de « planche »… Un aqueduc en pierre a remplacé le pont de bois, et ce, vers 1935. Une plaque a été posée sur le coté amont du pontreau, plaque sur laquelle on peut lire : « rebaptiser Pont - ….(illisible) ». Mais,certains se souviennent que ce pont avait été rebaptisé « PONT-SEC » par les maçons qui l’avaient construit car personne n’était venu leur porter à boire pendant les travaux. Ce baptême n’a pas dû être du goût de tout le monde et la plaque a été volontairement martelée afin d’effacer l’adjectif « sec ».
Peut-être est-ce à cette époque que le tracé du chemin a été modifié. Cette modification n’apparaît pas cependant sur le plan cadastral actuel qui conserve le même tracé que le plan de 1838… (à noter que le plan actuel date de 1937).
En (4) une autre chaussée toujours visible. Le champ situé entre le ruisseau et l’ancien chemin d’Hérisson à Parthenay s’appelle « le champ du moulin ». Les ruines de l’ancien moulin sont visibles près de la chaussée. Ce moulin devait dépendre de la Vrignaudière, où un moulin à vent a également existé sur la butte à la hauteur du lieu-dit. On y trouve une parcelle nommée elle aussi « le champ du moulin ». (pour mémoire la Vrignaudière était une seigneurie et seuls les seigneurs avaient le droit de faire construire un moulin .)
Dans les archives de la Barre, La Vrignaudière est également le nom donné au ruisseau découlant de l’étang de la Vrignaudière,ruisseau appelé « le petit Palley » en 1497. Cet étang n’était pas celui qu’on voit en bordure de la route de Fénéry, ses eaux étaient retenues par une chaussée encore visible en (5).
Le plan cadastral de 1838 indique l’existence d’une chaussée en (6). C’est la seule dont on ne trouve plus trace aujourd’hui. Là aussi, la parcelle située entre le ruisseau et l’ancien chemin s’appelle « le champ du moulin », moulin qui devait dépendre des Grandes Bordes (qui faisait partie de la seigneurie des Cinq Masures).
Le Pont de Gourry
Jusqu’en 1868, le « chemin » de Saint-Aubin à Parthenay ne coupait pas la butte rocheuse qui se trouve à la sortie actuelle du bourg. On voit son ancien tracé au Moulin devant ces maisons situées obliquement par rapport à la route actuelle, tracé qui se poursuit longeant la rivière puis contournant la butte par la droite, traversant les prés entre la route actuelle et le Palais, franchissant le ruisseau du Pont de Bois à « la planche de Gorry », puis remontant la butte de Gorry par la droite et rejoignant le tracé actuel après « Le Chalet ». On voit aujourd’hui à cet endroit l’arrivée de cet ancien chemin.
Le changement de tracé date du siècle dernier : dans une délibération du Conseil municipal du 8 août 1841, le Maire a présenté au Conseil la nécessité absolue d’un pont à la planche dite de Gaury : « attendu les grands accidents arrivés au dit lieu, la dépense proposée est d’une grande nécessité ». La dépense à faire pour la construction du pont s’élève à 515 F et 73 c.
Le pont est construit mais reste toujours un endroit dangereux. Quant au chemin,il est facile d’avoir une idée de son état quand on voit les prés recouverts d’eau dans les périodes de fortes pluies.
Aussi, à partir de 1860, un projet de changement de tracé du chemin va être à l’étude. Dans une délibération du 17 juillet 1864, on peut lire : « Le pont de Gaury est en effet un passage fort difficile qui disparaîtra avec les projets présentés et les habitants de la commune n’auront plus à redouter les accidents de la nature de celui arrivé sur ce pont il y a quelques années ». Mais six propriétaires refusent de céder leur terrain. Mlle Zulma Leclerc, propriétaire de Lorière autorise de prendre deux parcelles pour le redressement (parcelles situées dans les champs de Gaury et du Voireau). En compensation, elle demande que les nouvelles limites soient plantées en aubépine et que les portions de l’ancien chemin devenues inutiles et contiguës à sa propriété lui soient cédées. (Mlle Leclerc habitant Parthenay est la tante de Bélisaire Ledain).
En novembre 1866, « M. Le Maire a fait mettre des étais sous deux poutres du pont qui étaient coupées car il y avait grand danger de passer ».
Une délibération du 20 octobre 1867 nous apprend que le redressement ne peut être mis en service avant un an. Mais le pont de Gory est aujourd’hui impraticable avec chargement attendu que deux poutres sont coupées et les accessoires pourris).
La commune et Melle Leclerc se partageront les frais de réparation.
A partir de 1868, les usagers du chemin de moyenne vicinalité n°40 de Parthenay à Saint Pierre du Chemin n’auront plus besoin d’emprunter le pont.
Article de Dominique Boutin
Dominique Boutin, conseiller municipal à Saint Aubin de 1995 à 2001, maire de la commune de 2001 à 2008, est décédé le 11 février 2014. Collectionneur, passionné d'histoire, et particulièrement d'histoire locale, il a légué à la commune de nombreux documents que nous pourrons utiliser dans cette rubrique.
VOIE FERRÉE 1865....PARTHENAY bRESSUIRE
Où l’on entend parler pour la première d’une voie ferrée pouvant relier Poitiers à Nantes passant par Parthenay et…par Saint-Aubin peut-être.
La municipalité de Parthenay tenant à cette nouvelle desserte motive les communes pouvant être concernées à adhérer au projet et les engage à les soutenir en signant une déclaration-pétition d’utilité publique !
Le 2 avril 1865, le conseil municipal de Saint-Aubin se réunit en séance extraordinaire aux fins d’écouter lecture d’une lettre de M. le Maire de Parthenay contenant une pétition à l’adresse de SM l’Empereur ainsi qu’une délibération de la ville de Parthenay tendant à obtenir un chemin de fer à Parthenay.
Dans cette délibération, il est dit que dans l’ensemble du réseau de chemin de fer de la compagnie du centre, la ligne de Brest à Marseille passant par Parthenay est celle sur laquelle il convient d’insister tant auprès du gouvernement qu’auprès de ladite compagnie. Il invite en conséquence le conseil à délibérer sur cet important sujet mais auparavant, un membre prenant la parole a lu au conseil le projet de délibération que le conseil municipal a rédigé sur ce sujet.
Le texte de la délibération-pétition commence ainsi : « Avant l’existence des chemins de fer de Saumur-Nantes et de Poitiers-La Rochelle , la ville de Parthenay se trouvait dans des conditions heureuses que la construction de ces deux lignes a modifié de manière regrettable…Le roulage autrefois si actif entre Saumur et Niort et entre Poitiers-Nantes a été détruit sans que les lignes ne l’aient remplacé…Les transactions sont devenues difficiles et les transports coûteux depuis que la Compagnie d’Orléans a supprimé les entreprises particulières par la concurrence…certaines relations sont même devenues impossibles. On doit noter cependant que malgré cette circonstance la fréquentation entre Parthenay et Poitiers par la route impériale 149bis atteint aujourd’hui le chiffre officiel de 339 colliers par jour. Existe-t-il un remède au mal que nous venons de signaler?
Le mal vient des chemins de fer, nous l’avons démontré, c’est dans les chemins de fer que nous trouverons le remède : il suffira d’ouvrir une ligne Poitiers-Nantes.
Le pays tout entier y est intéressé comme nous, quant à la compagnie concessionnaire elle y trouvera un bénéfice réel.
Le transport consisterait
- en marchandises importées de Poitiers, de Saintonge, de Cholet…
- en marchandises exportées, bestiaux, grains, farines, bois, fourrages et denrées alimentaires…il suffit de voir nos marchés hebdomadaires du mercredi pour se convaincre que l’exportation se fera sur une large échelle,
- en marchandises passant par Parthenay sans s’arrêter,
- et en voyageurs qui quotidiens seront presqu’aussi nombreux que sur la ligne Poitiers-La Rochelle et beaucoup plus que celle d’Angers-Niort. Quant à ceux du mercredi, jour de marché de Parthenay, ils se présenteront en foule et donneront chaque semaine un supplément de recettes….
En résumé, Parthenay il y a 15 ans, était le centre du roulage entre Nantes et Poitiers et autre Saumur et Niort. L’ordre naturel des relations commerciales a été détruit, il est urgent de le rétablir sous peine d’arrêter l’essor de l’agriculture dans un pays essentiellement agricole et où la production n’a de limites que l’insuffisance des débouchés.
Nous avons montré que ce but serait atteint par la construction d’une ligne ferrée de Nantes à Poitiers par Cholet, Bressuire, Parthenay, Lusignan. On a vu que cette ligne intéresse au plus haut point Parthenay et le pays tout entier, enfin qu’elle sera fructueuse pour la compagnie concessionnaire ».
Cette lecture a été écoutée avec le plus grand intérêt, le Conseil municipal décide qu’une copie de la présente délibération sera adressée à M. Le Maire de Parthenay pour être jointe au dossier relatif à cette affaire.
Jamain Maire, Hublin, Ingremeau, Lusset, Guignard, Talbot, Migeon, Guilbot Poupot, Mottet
1872, réunion du 22 septembre
Deux projets de tracés sont proposés l’un quasi en ligne droite Parthenay-Bressuire avec gare à Fénery (projet Ponts et Chaussées), l’autre (projet ERLINGER concessionnaire), desservant mieux le canton de Secondigny avec gare qui pourrait se situer au centre du canton…dans un triangle Secondigny-St Aubin-Azay.
« M. le Maire expose alors que l’objet de la réunion est relatif au chemin de fer de Poitiers à Bressuire et qu’il y a lieu dans les intérêts de la commune de se préoccuper vivement des projets de tracés qui ont été faits jusqu’à ce jour. En effet, un décret impérial a déclaré d’intérêt général un chemin de fer de Poitiers à Bressuire par Parthenay. La concession de ce chemin de fer a été faite par adjudication publique à la Compagnie ERLINGER, et M. ARMIEUX ingénieur en est aujourd’hui nommé Directeur Général.
Cette adjudication était accompagnée d’un avant-projet de tracé qui a été dressé par les ingénieurs des Ponts et Chaussées. Cet avant projet traverse la commune de La Peyratte, gagne la ville de Parthenay, se dirige vers Fénery où il établit une station et poursuivant sa route vers La Chapelle St Laurent va se raccorder à la ligne de Niort à Bressuire.
A cet avant-projet, il a été mis en opposition un autre projet dressé par les ingénieurs de la Cie ERLANGER concessionnaire dudit chemin. Cette dernière étude a son arrivée sur le territoire de la commune de La Peyratte…une ligne oblique gagne la commune de La Chapelle Bertrand, passe le long de Pompaire franchit le Thouet en amont de Parthenay traverse ensuite les communes du Tallud, St Aubin, Azay se rapproche de Secondigny chef lieu de canton avec un projet de gare à peu près à la hauteur de celle projetée à Fénery et appelée à desservir toutes les communes précitées ainsi que plusieurs autres communes voisines. Cette ligne reprendrait alors la direction de la Chapelle St Laurent et sans s’embrancher sur la ligne de Niort à Bressuire gagnerait directement la gare de cette ville.
En présence de ces deux projets, il importe de faire connaître leur importance respective.
Dans l’avant-projet de MM les ingénieurs, la traversée de la vallée du Jarson et du Thouet peut être évaluée en travaux d’art à environ 1 million et la gare de Fénery qu’il va desservir ne présente qu’une population agglomérée de quelques dizaines d’habitants, celle de la commune entière n’étant que de 297hb.
Cette entrée est purement agricole et pastorale, les communes voisines sont tout aussi pauvres, la population y est très restreinte, le commerce et l’industrie n’y existent pas. Comme cette ligne a été déclarée d’intérêt général, il est évident qu’au moment où elle a été conçue, MM.les ingénieurs des Ponts n’ont eu d’autre but que trouver une ligne stratégique et en ligne droite avec Poitiers et le centre de la France.
Ce projet conçu en opposition avec celui-ci remplit le même but d’intérêt général et moyennant un allongement de parcours insignifiant puisqu’il est de 7 à 10km de plus sur ce trajet de Poitiers à Bressuire, il dessert des localités dont il importe de faire connaître la population et les affaires qui s’y traitent non seulement au point de vue de l’agriculture mais du commerce et de l’industrie locale très importantes.
Une gare à la sortie de Parthenay et qui serait située dans un triangle formé par Secondigny, Azay et St Aubin desservirait de nombreux intérêts et donnerait satisfaction au gros bourg de Secondigny qui a 14 foires très importantes par an et un marché hebdomadaire très suivi. Cette dernière localité importe du vin, du fer, de la houille, de la chaux, des épiceries et des matières premières telles que laines, teintures et machines concernant la fabrication d’étoffes de diverses sortes. Puis elle exporte des bestiaux, des grains, des bois de construction et de chauffage en grande quantité provenant des propriétés privées et d’une forêt de l’état située dans le voisinage. La commune d’Azay avec une population relativement considérable et agglomérée possède une importante filature de laine et son territoire traversé par le Thouet compte de nombreuses usines à foulons et de teinturerie, et possède en outre une assez grande quantité de tissages et d’étoffes.
La commune de Saint Aubin le Cloud offre aussi à son chef-lieu une population agglomérée importante, il y a des ateliers de maréchalerie, des entreprises de travaux publics et l’agriculture s’y exerce sur une vaste échelle.
A ces trois communes, il convient de joindre celle de Pougne qui a la même importance que St Aubin.
Une gare située au centre de ces 4 communes desservirait une population commerciale agricole et industrielle de 5 498 hb.
En présence de ces deux projets, il est évident que la station de Fénery ne saurait soutenir la comparaison avec l’importante gare précitée qui aurait elle-même l’importance de celle de Parthenay.
M. le Maire fait connaître en outre que le vœu suivant a été voté à une immense majorité par le Conseil Général en sa séance du 22 août 1872 vu le projet d’études présenté par les ingénieurs de la Cie ERLINGER concessionnaire.
« Considérant qu’il résulte de leur comparaison que le projet des ingénieurs des Ponts a été fait en vue d’une ligne stratégique et devant des localités peu importantes éloignées des centres populaires sans commerce,
Considérant que le projet d’étude dressé par la Cie susnommée quitte la ligne de l’avant-projet dans la commune de La Peyratte se dirige vers La Chapelle, Pompaire, traverse le Thouet en amont de Parthenay et se dirige vers un point susceptible de desservir les intérêts des communes populaires et commerciales, industrielles et essentiellement agricoles de Secondigny chef-lieu de canton, Azay, StAubin, Pougne, Fénery, Neuvy,
Considérant que cette construction dudit chemin allant desservir les intérêts précités permet l’étude plus facile d’un chemin de fer d’intérêt local de Niort à Thouars par Parthenay,
Considérant enfin qu’il importe de réserver en tout état de choses les intérêts du canton de Secondigny…
Le conseil général émit le vœu que satisfaction soit donnée au désir formulé dans l’intérêt du canton de Secondigny et que par un infléchissement de la ligne projetée de Poitiers à Bressuire par Parthenay, infléchissement que la situation topographique des lieux indique d’ailleurs comme devant être favorable aux intérêts pécuniaires de la compagnie, on arrive à se rapprocher insensiblement de la ville de Secondigny pour la desservir utilement.
Dans une pareille situation, il est du devoir des communes intéressées et particulièrement de la commune de Saint Aubin le Cloud de protester contre le tracé qui passe par Fénery et d’appeler l’attention de M. le ministre des Travaux Publics sur l’examen sérieux de cet état de choses qui est susceptible d’amener la ruine industrielle, commerciale et agricole d’un riche canton, quand le village de Fénery ne peut offrir aucune compensation équivalente."
Un nombre important prend la parole, d’avis de cet exposé…
"Le Conseil de St Aubin considérant qu’il manquerait à son devoir envers la population qui l’a élu s’il n’appuyait pas énergiquement le tracé de Poitiers à Bressuire par auprès de Secondigny, Azay, St Aubin, Pougne,
considérant que Fénery lui-même ne préjudiciera pas l’infléchissement demandé puisqu’il ne serait qu’à 5km de la gare projetée, considérant que la population des communes précitées est supérieure à Parthenay,
considérant les nombreux intérêts agricoles commerciaux et industriels de ces contrées et qui ne peuvent qu’augmenter dans des proportions considérables par le voisinage d’un chemin de fer,
appelle l’attention bienveillante de M. le Ministre des Travaux publics sur l’infléchissement du chemin de fer de Poitiers à Bresuire par Secondigny plutôt que par Fénery.
Vote à l’unanimité de cette demande d’infléchissement,décide qu’une pétition sera présentée à la signature de tous les habitants de la commune et sera d’urgence adressée à M. le Ministre des Travaux Publics comme faisant suite à cette délibération,décide en outre que le texte de cette délibération sera soumis en substance à l’approbation des conseils de Secondigny, Azay, St Aubin, Pougne de façon à établir une action commune qui a pour objet les nombreux intérêts de la population."
On aimerait bien que cette future gare soit sur la commune de St Aubin….un mot en marge de cette longue délibération en atteste timidement.
"Le conseil demande que la ligne passe par la proximité du bourg, attendu que le bourg est percé par la grand route (dont 4 sont terminées et la cinquième sous peu) et les bourgs environnants se trouvent en moyenne à 4km de bourg de StAubin et qui seraient desservis utilement.
Ce sont les vœux de la présente délibération"…
(la cinquième grand route est le chemin de St Aubin à Adilly)
Séance du 21/03/1875 - Victor Germain Maire -
Lecture est faite d'une lettre du préfet en date du 12 mars 1875, la carte générale, le profil, le plan, le tout concernant le dossier chemin de fer de Poitiers à Bressuire est mis sous les yeux du conseil.
Le conseil après en avoir délibéré
"vu l’emplacement de la station de Fénery qui intéresse la commune de St Aubin le Cloud, considérant que la station de Fénery par sa situation non seulement pour St Aubin mais pour les autres communes environnantes ne peut-être mieux placée et même le conseil municipal remercie la Compagnie et donne à l’unanimité un avis favorable"….
Changement total de cap par rapport à la position de l'ancienne municipalité ou remerciement ironique d'avoir pensé à Saint Aubin en proposant une gare à Fénery ?
Un peu plus tard, une délibération refusera de participer financièrement à l'amélioration des voiries menant à la nouvelle gare de Fénery…
Une autre ligne en projet : TDS Fontenay, Breuil-Barret, Azay, Parthenay
Fin des années 1870, le gouvernement initie un plan de relance de la construction des voies ferrées (loi Freycinet). Ce plan propose de terminer les lignes principales et de le compléter par de nombreuses lignes d'intérêt secondaire destinées à irriguer plus finement le territoire.
La loi donne aux collectivités la possibilité de prendre l'initiative et le Conseil général fait mettre à l'étude les lignes d'intérêt local qu'il lui parait nécessaire de construire le moment venu, l'idée étant de desservir tous les chefs-lieux de canton, et interroge donc les municipalités qui pourraient être concernées. Les routes plus ou moins bien empierrées n'offrant pas de concurrence sérieuse!
Sur demande du député conseiller général Louis André Ganne originaire de Secondigny, une autre réflexion est engagée sur la ligne TDS Parthenay-Fontenay
Le 26 janvier 1879, une pétition est lancée, analysée en conseil le 2 février 1879.
Le conseil est favorable sous réserve que la ligne "soit la plus rapprochée du bourg de Saint Aubin en prenant une des directions entre Azay et St Aubin"…cette idée sera développée lors de la réunion suivante …
23 mai 1879 (François Poinot maire) : "Une ligne de chemin de fer d’intérêt général partant de Fontenay gagnant Breuil-Barret se rendant à Parthenay vient d’être votée par la chambre des Députés – une ligne de la plus grande importance nous faisant communiquer avec le département de la Vendée, Parthenay, La Rochelle et Tours.
Considérant que cette ligne est appelée à desservir la commune de St Aubin demande à ce qu’elle soit construite le plus possible à la proximité du bourg de St Aubin qui se trouve au milieu de la commune,
considérant que notre localité et les environnantes ont été jusqu’à présent déshéritées, le conseil a l’honneur de venir prier M. le Ministre des Travaux Publics de faire faire l’étude afin que partant du Breuil-Barret, il puisse desservir notre commune et autres localités importantes, de vouloir bien aussi le faire déclarer d’utilité publique le plus tôt possible et que sa construction soit effectuée en moins de temps que les lignes principales Niort-Montreuil dont elle sera un des plus importants embranchements".
26 septembre1880 : Le conseil est amené à délibérer sur l’emplacement d’une gare susceptible de desservir le mieux possible les intérêts des bourgs de St Aubin et d’Azay.
Considérant la population et la superficie de St Aubin importante, 4187ha se divisant en trois catégories qui demandent la chaux pour leur amélioration et que, jusque ce jour, cet amendement a coûté fort cher et empêché les agriculteurs d’en faire emploi sur une échelle convenable demande une gare qui puisse desservir avec avantage les intérêts des bourgs d’Azay et St Aubin.
L'avant-projet fut présenté au Conseil général en 1884, une ligne qui suit la route nationale 149bis (Parthenay, Azay, Secondigny, Breuil-Barret, St Laurs) avec une variante présentée postérieurement passant par Saint Aubin le Cloud pour la faire se raccorder à la ligne de Parthenay à Bressuire à quelques kilomètres au nord de Parthenay.
Le trajet définitif de cette ligne sera approuvé le 23 janvier 1897. Inaugurée le 26 janvier 1901, le premier TDS circulera entre Parthenay et Secondigny le 28 janvier 1901 mais la ligne ne passe pas par St Aubin.
Par contre, à Secondigny, le tracé de la ligne nécessitera la démolition de la maison de Mme Ganne (mère du Conseiller général porteur du projet…)
13 juillet 1884 : M.Poinot est toujours Maire.
L’administration des chemins de fer vient de construire la voie d’accès à la station de Fénery et demande à en faire la remise.
Refus du conseil qui ne voit aucun intérêt à ce que ce chemin en question soit classé dans le chemin N°27. La gare de Parthenay sera toujours celle qui desservira St Aubin quoiqu’on dise ou qu’on fasse. "Du reste, cette voie d’accès étant tout entière sur la commune de Fénery devrait être entretenue par elle. Parthenay n’est rien venu nous demander pour l’allée de la gare".
On peut aisément penser que "l'oubli" de Saint-Aubin dans le projet Parthenay-Bressuire a motivé cette délibération!
La ligne sera mise en service le 5 juin 1887.
Ce sera la dernière ligne à voie normale livrée à l'exploitation dans le département.
Dominique Boutin
Un grand jour pour Saint-Aubin 13 novembre 1954
J'ai déjà raconté une partie de cette mémorable journée que fut l'inauguration des nouvelles écoles, le 12 septembre 1954, dans mon livre « Demain, je serai grand ». J'avais résumé. Je me permets ainsi de revoir cette réalisation dans son ensemble en commençant par l'idée émise au conseil municipal de réaliser ce complexe.
« En 1947, les communes sont appelées à présenter un programme de travaux communaux neufs qu'il serait nécessaire d'entreprendre pour que la commune soit équipée parfaitement.
Parmi les nombreux travaux présentés figure la construction d'un groupe scolaire filles et garçons.
Le 4 mars 1951, après avoir pris connaissance du rapport de M. le médecin scolaire qui a constaté que de nombreux cas de myopie et de scoliose étaient dus à l'état de vétusté des bâtiments et du matériel scolaire, le conseil, à l'unanimité des membres présents, décide de demander le classement d'urgence d'un projet de construction d'un groupe scolaire.
En 1952, un emprunt est réalisé pour le démarrage des travaux.
En 1953 : pose de la première pierre. »
(Louis Hugeat, dans ses recherches sur l'école à Saint-Aubin parues dans les Bulletins de la commune N° 20 et n° 21.)
« La Nouvelle République » du 1er juin 1951, précise que les bâtiments seront construits route de Pougne sur un terrain appartenant à madame Veuve Bertin, choisi par l'inspecteur d'académie. Ils comprendront trois classes filles, trois classes garçons, un préau, des douches et un logement pour les instituteurs. En fait, deux logements furent construits dont bénéficièrent Madame Garnier et Monsieur Baudouin, les directeurs d'alors. Ouverture prévue en 1953.
Les adjudications ont eu lieu le lundi 29 décembre 1952. On a ajouté une cantine aux bâtiments prévus. Seuls quelques artisans saint-aubinois ont été retenus. Le coût total est évalué à 50 millions de francs.
Le 24 mai 1953, M. Wolf, préfet des Deux-Sèvres, et M. Pied, maire de Saint-Aubin posent la première pierre. Le préfet félicita les édiles saint-aubinois de leur excellente initiative et de leur dynamisme, « sous la direction éclairée de son maire M. Edouard Pied. » (« NR » du 27 juillet).
Bien sûr ce sera un peu juste pour la rentrée 53. C'est donc en 1954 que se fera cette rentrée. Mais avant, il faut inaugurer.
Le 6 septembre 1954, « Le Courrier de l'Ouest » titre : « Cinquante ouvriers terminent le groupe scolaire de Saint-Aubin le Cloud qui sera inauguré par M. Naegelin, ancien ministre »
Edouard Pied accueillera aussi le Préfet M. Wolf, le Sous-Préfet M. Carré et de nombreux élus locaux. Le programme est minuté :
-15 h : réception de M. Naegelin au son de la Marseillaise
-15 h 15 : dépôt d'une gerbe au Monument aux Morts par M. Naegelin.
-15 h 20 : défilé jusqu'au groupe scolaire avec le concours de la Musique Municipale de Tours qui donnera un concert l'après-midi.
-15 h 30 : visite détaillée du groupe scolaire.
-16 h : discours de M. le Maire, du président du Conseil Général, de l'Inspecteur d'Académie et de M. Naegelin.
-Musique.
-Chants par les enfants des écoles.
-18 h 15 : vin d'honneur.
-19 h : grand banquet et discours.
Mais il y est aussi prévu des réjouissances pour le « peuple », avec buffet à volonté dans la cour des écoles, bal de jour et de nuit « avec un excellent orchestre de six musiciens. »
En fait, tout se passa bien. Il faisait très beau. Les enfants ont eu quartier libre toute la journée et ils ont même pu traîner la nuit venue tellement il faisait doux.
Cette réussite fut soulignée par la presse dithyrambique le lundi.
Le « Courrier de l'Ouest » attaque fort son article du lundi 13 septembre : « Modeste commune de 1600 habitants, Saint-Aubin-le-Cloud, possède en la personne de Monsieur Edouard Piet (sic), un maire extrêmement dynamique. Et la municipalité qui n'hésite jamais à suivre ses initiatives s'enorgueillit de posséder un groupe scolaire des plus modernes du département. »...
... « Le petit bourg de Saint-Aubin, qui n'avait jamais connu pareille fête, pour recevoir tant d'éminentes personnalités, s'était mis en frais de toilettes. Des guirlandes et des faisceaux de drapeaux ornaient ses rues et les façades des maisons. »
Suit une longue liste d'invités prestigieux parmi laquelle on trouve le nom de Madame Girard, ancienne directrice d'école à qui on confia le poste de maire de 1945 à 1947, date de l'élection d'Edouard Pied, (avec un « d »).
Inutile de dire que « Le Dynamique » était dans ses petits souliers. Son avant-bras droit remuait sans arrêt. C'est lui qui prit la parole le premier. Edouard Pied rappela toutes les difficultés qu'il fallut vaincre puis remercia tous et chacun avec un compliment appuyé à Monsieur le ministre Naegelin : « Nous accueillons en vous avec enthousiasme l'une des plus éminentes personnalités de la République. Nous savons que vous avez été un grand ministre de l'Education nationale. »
Monsieur Bonneau y va ensuite de ses compliments envers le ministre dont la présence « glorifie l'effort créateur déployé par la Municipalité de Saint-Aubin-le-Cloud pour donner aux enfants une école digne de la Nation. ».
Puis l'ancien ministre prit la parole, heureux de retrouver des anciens collaborateurs comme le préfet Wolf et le sous-préfet Carré. Un peu démagogue quand même Monsieur l'ancien ministre et un peu condescendant : « Il est bien que l'on offre aux enfants du peuple, qui chez eux vivent encore trop souvent dans l'inconfort, la clarté, le bien-être et la lumière. » Et ! Oui ! Nous autres pauvres Gâtinais sortions tout juste du Moyen-Age !
Enfin, comme dans « Astérix », le tout se termina par un superbe banquet de 80 couverts et on ne résista pas à faire de nouveaux discours. Edouard Pied dégusta ce dernier compliment : « M. Naegelen souligna le mérite du maire de Saint-Aubin dont il avait pu, en conversant avec lui, mesurer quel dévouement éclairé il apportait à la chose publique. »
« Le peuple » put apprécier le feu d'artifice, puis aller danser sur le terrain en face des nouvelles écoles où se construiront, aussitôt après, les premières maisons du premier lotissement du bourg.
Jean-Michel Chargé
Les tisserands en Gâtine et à Saint Aubin
Dans son livre « Histoire de Saint-Aubin-le-Cloud », Dominique Boutin a consacré un chapitre aux activités du centre bourg au XIXème siècle et un chapitre sur la filature de la Guillonnière (pages 122 à 128). Sur un CD qu’il avait déposé à la mairie, il reprend ces chapitres en écourtant le premier. Nous donnons donc ici la deuxième version, augmentée du dessin du livre.
Serge Jardin et Jean-Michel Chargé
Très longtemps, les actes des registres d’état-civil étaient très succincts.
« Le troisième jour de janvier 1842 fut inhumé dans le cimetière de céans le corps de défunt André Loubeau par moy curé soub signé. »
L’âge du défunt n’est pas indiqué pas plus que le lieu où il est décédé.
Au XVIIIème siècle, un peu plus de renseignements : le domicile du défunt est donné de même que son âge (de façon approximative). On donne aussi le domicile des parents d’un nouveau-né. Mais pour les mariés, on ne sait toujours pas où ils habitent.
Au XIXème siècle, les formulaires sont imprimés et un renseignement très intéressant est présent : la profession.
Comme toutes les communes de Gâtine, Saint Aubin est une commune rurale ; aussi, le métier qui revient le plus souvent est celui de cultivateur avec parfois des nuances : fermier, bordier, laboureur. On trouve aussi des propriétaires, mais un très grand nombre de domestiques ou journaliers.
Dans la première décennie de ce siècle, on trouve dans le bourg 2 aubergistes, 6 maréchaux, 4 charpentiers, 2 menuisiers, 3 sabotiers, 3 voituriers, 3 meuniers, 2 sage-femmes.
Et dans les villages : 2 maçons au Bois, 2 aux Mourandières, un sabotier à l’Ousselière, un fendeur au Vivier, un charron à la Morinière et un autre à l’Etrémière, 2 meuniers à Chabosse, et, toujours à Chabosse un affranchisseur (ou hongreur).
Mais l’artisan qui arrive en tête, au point de vue nombre, est le tisserand (ou fabricant). Dans le bourg : Jean et Louis Merle, Louis et Jean Garnier, René et Jacques Liet, Jacques Croisé et Louis Berton.
Et dans les villages : François Morisset à la Bobinière, Charles, André et Pierre Delumeau à la Morinière, Jacques Croisé à la Motte, Pierre Seguin aux Mourandières.
Ces relevés ne concernent que les dix premières années du XIXème siècle. Il y avait certainement, dans la commune, d’autres artisans et d’autres tisserands qui, durant ce laps de temps, n’avaient pas eu un décès dans leur famille ou un baptême ou un mariage…
Revenons sur l’importance de l’industrie textile dans notre région depuis le XIème siècle.
Dès les premières années du XIème siècle, la réputation des draps de Parthenay était grande, au-delà même des frontières du royaume, comme le confirme un document de 1070.
Avant l’an mil, les bas quartiers de Parthenay retentissaient déjà du bruit des premiers métiers. La Gâtine était pauvre, mais la laine n’y manquait pas ; de plus, le chanvre et le lin s’y cultivaient ; aussi de nombreux tisserands(ou tissiers) se mirent à exercer leur activité.
A Parthenay, la plupart des tisserands s’installèrent rue de la Vault-Saint-Jacques.
Dans la seconde moitié du XIIIème siècle se créèrent quelques ateliers. Du XIVème au XVIIIème siècle, les fabricants d’étoffes parthenaisiens connurent d’une manière quasi constante des années de prospérité.
Les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, les Jacquaires, faisaient souvent office de commis-voyageurs.
Parthenay n’étant pas astreinte à la Gabelle, on y venait de toutes les provinces pour prendre livraison des sacs de sel entreposés dans les caves de la rue de la Saunerie. Les voituriers se chargeaient volontiers du transport de ballots d’étoffes.
Au XVème siècle, les riches tisserands et teinturiers firent construire des « maisons bourgeoises » qui rompaient avec le passé. Car ce n’est certes pas le manque de pierres qui fit adopter pour la façade l’emploi de pans de bois montés verticalement ou en croisillons et dont les intervalles étaient remplis par des briques ou du pisé. Des maisons semblables furent édifiées par les tanneurs du quartier Saint Paul. (S’il n’en reste que deux, n’oublions pas que ce quartier fut incendié au cours des guerres de religion.)
En 1632, Armand Charles, duc de Mazarin (fils du Maréchal de la Meilleraye) décida de créer une manufacture de draps à Parthenay.
Vers le milieu du XVIIIème siècle, onze à douze cents métiers étaient en activité dans la région de Parthenay. Un million d’aunes (une aune correspond à 1,88m) de gros draps, dont la résistance à l’usure était fort appréciée des riverains du Saint Laurent (Canada) était embarqué à La Rochelle pour l’Amérique du Nord. La perte du Canada (1763) eut de fâcheuses conséquences pour l’industrie régionale des textiles.
L’insurrection vendéenne n’arrangea rien, bien au contraire. En 1789, on comptait 80 ouvriers tisserands, 350 fileurs, 80 cardeurs à Parthenay.
En 1800, leur nombre était moitié moindre.
Après les années 1870, ce fut la concurrence des grandes filatures du Nord et de l’Est. Le prix des étoffes n’étant plus compétitif, le remplacement du matériel archaïque par des machines perfectionnées demandant des investissements importants, les quelques fabricants qui subsistaient ont dû fermer leurs portes…
Rappelons que la fabrication des draps nécessitait plusieurs opérations.
Après le tissage, arrivait le foulage. Afin de la dégraisser, l’étoffe de laine était lavée avec une sorte de savon fait de terre à foulon (provenant généralement du Grand Chevreau à Vouhé) et de divers ingrédients : urine, chaux, sable. Les roues à aubes des moulins à foulons installés sur les bords du Thouet et du Palais actionnaient de lourds maillets martelant le tissu dans des auges en bois. Une fois foulé et lavé, le tissu était étendu par terre, à même le sol. Tous les emplacements disponibles étaient utilisés, places, terrains privés et même cimetières avant que ce ne soient les coteaux bordant le Thouet.
Mais en 1831, nombreux sont les terrains qui furent entourés de clôtures. Le conseil municipal décida alors de débarrasser le plan de l’ancien château des ruines qui l’encombraient et de l’aplanir afin que les pièces d’étoffes puissent y être étendues.
Les tissus étaient teints en bleu avec de la guesde, plante cultivée à Châtillon sur Thouet par les moines de la Maison-Dieu ou en rouge vif avec les racines de la roie (nom vulgaire de la garance) provenant des terres et jardins du faubourg Saint Paul.
Tisserands et fabriques s’installèrent très tôt à Azay sur Thouet. On y comptait une quinzaine de fabriques en 1693. La filature située près du bourg a donné son nom à un lieu-dit. A la Trébesse, les tissus étaient teints en bleu à l’indigo dans des cuves de granit dont certaines ont été conservées. On utilisait, comme fixatif, l’urine humaine dont la collecte faite certains jours, moyennant une rétribution, donnait lieu à un bien curieux défilé.
La chapelle Saint Blaise, près « les Poulies » de la Trébesse, était sous le vocable du patron des tisserands. Transportée pierre à pierre, elle se trouve aujourd’hui à côté du château de la Millanchère à Azay.
L’artisanat textile était important aussi au Tallud (St Blaise est le patronyme de l’Eglise), à Secondigny, à Vernoux, à Pougne et Hérisson.
En 1821, les frères Louis-Joseph et François-Joseph Blot construisirent la filature de Pompairin, à Chatillon sur Thouet, filature mécanique, dotée d’un matériel moderne. Elle devint très vite la plus importante des Deux-Sèvres. Dans les meilleures années, elle traita 120 000 kilos de laine, et occupait une centaine d’ouvriers. En 1884, la filature ferma définitivement ses portes.
La filature de Saint Aubin
En 1847, M Hublin-Jouffrault, demeurant à Parthenay, propriétaire à Saint Aubin de la Guillonnière, fait construire à proximité de ce lieu en bordure du Palais une filature et une maison d’habitation.
Les débuts semblent prometteurs car, en 1857, la première filature est démolie et remplacée par une autre plus importante. La première semblait avoir des dimensions modestes : 10 m sur 5.
La nouvelle est plus conséquente. C’est un bâtiment de 27 m sur 10, tout en pierre de taille. L’atelier lui-même était au rez-de-chaussée. A l’étage, de vastes pièces avec des cheminées dont le dessus était en marbre. Il était surmonté d’un étage lui-même habitable et d’un faux grenier.
Il s’agissait d’une filature mécanique car il existait une haute cheminée comme celle que l’on peut voir, à Châtillon sur Thouet, près de l’ancien moulin du Rouget que les frères Blot avaient acquis afin d’y mettre leurs ateliers de cardage de laine.
En 1857, M.Hublin fait également construire un moulin à blé dont le rôle essentiel devait être d’apporter une énergie supplémentaire pour le fonctionnement des machines. Si 5000 kg de laine sont traités à Saint Aubin, 120 000 le sont à Pompairin.
La concurrence est terrible : ateliers de Parthenay, d’Azay, filatures modernes de Châtillon, de Largeasse également. Toujours est-il que la filature de Saint Aubin ne semble n’avoir fonctionné qu’une dizaine d’années…
En 1864, la maison, le moulin et la filature sont achetés par François Neau, meunier à la Peyratte avec 3 ha de terres. En 1867, il fait construire, en bordure du chemin de Saint Aubin à Parthenay le Vieux, un moulin à vent (cadastre parcelle 824). Il n’est donc plus question de filature mais de meunerie.
En 1873, Onézime Neau, meunier au Pâtis achète 3 autres hectares de l’autre côté du Palais, dans le « champ du moulin » qui devait son nom au moulin existant sur le Palais en 1490.
En 1901, la borderie est partagée entre Célestin Niveau (épouse Neau) meunier à la Touche de Secondigny et Delphin Pollet (épouse Neau) domestique au Pâtis.
Le moulin à vent, acheté cette année-là par Zacharie Drochon, mécanicien à Secondigny, sera démoli en 1903.
En 1911, Delphin Pollet acquiert la part de son beau-frère. Le moulin à eau n’est plus utilisé.
Lorsqu’Auguste Pied, qui avait hérité de la Guillonnière en 1929, achète les 3 ha situés sur la rive droite du Palais en 1933, le moulin n’existe plus.
Pendant la seconde guerre mondiale, les bâtiments de la Filature seront utilisés pour héberger quelques familles de réfugiés. La haute cheminée sera détruite, car trop visible ; on craignait que les Allemands ne la bombardent.
On se rappelle à Saint Aubin être allé au bal à la Filature où il y avait un bistrot.
Au cours de l’hiver 1951 – 1952, tous les bâtiments furent démolis.
Depuis 1900, il n’y a plus aucun tisserand à Saint Aubin !
Dominique BOUTIN
Les tailleurs de pierre d'antan et l'éternelle fiancée
Célestin Geai venait de commencer à ferrer la jument du père Lucien Chargé de Laurière. A travers la fumée dégagée par le brûlage de la corne du sabot, Célestin aperçut Clément Pâtureau, un de ses voisins. Nous étions fin mars 1895.
-T’es-t-y malade que t’es là à c’t’heure ?
-Nan ! Au contraire tout va bien.
-C’est-y qu’c’est v’nu ?
-Oui, à quatre heures dans la nuit.
-Est-o un gars ?
-Nan, une droillère.
-Ah !
Dans ce quartier de tailleurs de pierre, de maçons et de forgeron, la naissance d’une fille était bienvenue, mais sans doute que Clément Pâtureau aurait préféré un gars qui, douze ans plus tard, aurait renforcé l’équipe familiale. Le « Ah !» du forgeron-maréchal ferrant traduisait sans doute le petit dépit de son voisin et ami.
Les tailleurs de pierre
Or, c’était bien une petite fille qui était née au foyer Pâtureau, sur le côté Est de la place de Saint-Aubin-le-Cloux où vivaient aussi les familles Pitaud, tailleurs de pierre, Villain, maçons et Geai, forgeron. Clément Pâtureau, père de la petite Léa, nouvelle-née, était lui-même tailleur de pierre et travaillait pour son beau-père, le maçon Auguste Villain. Tous ces travailleurs du granite étaient très considérés dans la commune, car cette belle pierre, froide mais résistante était à la base de toute construction, pour les vivants et les morts : murs et cheminées, tombes et caveaux. Pour ce dur maniement, un nombreux personnel était nécessaire. Dix ans plus tard, une autre famille de tailleurs apparaît, les Roger qui habitaient la Chevalerie, un hameau à un kilomètre du bourg. Chaque patron avait sa carrière pour l’extraction sur place du granite. Ces manieurs de pierre étaient de grands travailleurs, n’usant à l’époque, pour dompter le granite, que d’outils manuels. La fatigue et la poussière aidant, il fallait bien parfois faire couler cette poussière et effacer cette fatigue. Certains de la famille Villain n’échappaient pas à cette légende, ce qui en a fait des personnages légendaires dans le bourg de Saint-Aubin.
L’état du recensement de 1891 ne mentionne pas de tailleurs de pierre à proprement parler, mais fait état de cinq patrons maçons : Auguste Villain, Henri Géron, Alexandre Baudran, Henri Prunier de La Satière et Léon Sapin de Chabosse. Les tailleurs étaient embauchés chez les maçons. En 1901 apparaissent deux tailleurs de pierre : Paul Arnaud et René Bonnet. Chez les maçons, on retrouve les mêmes plus Charles Papon.
Ce n’est qu’en 1906 que Léon Roger de la Chevalerie, Victor Guignon et Victor Collet sont catalogués patrons tailleurs de pierre avec Paul Arnaud. Clément (dit Prosper) Pâtureau était devenu patron ainsi que son beau-frère Constant Villain comme maçon.
En ce temps-là, les tailleurs de pierre exerçaient leur métier et façonnaient le granite avec trois seuls outils essentiels : la massette, le poinçon (de différentes sortes) et le ciseau auxquels on peut ajouter la boucharde, sorte de marteau avec des dents de quatre centimètres sur quatre.
-On pouvait travailler assis, se souvient Michel Roger qui, jusqu’au début des années 50, travaillait de la même façon dans l’entreprise familiale de la Chevalerie. Les tailleurs utilisaient pour cela un « porte-fainéant » ressemblant à une selle à tirer les vaches, mais avec un seul pied. Michel Roger a conservé ses outils, et s’est refabriqué un porte-fainéant. - « Je m’en sers encore pour ramasser les haricots verts. »
Michel Roger est entré en apprentissage après son certificat d’études à douze ans et demi, en 1940 à la carrière de la Brunetière auprès de son père, son oncle et son cousin, en employant les mêmes techniques que les tailleurs de la fin du XIXème siècle. Mais comment imaginer que les gros blocs de granite, une fois extraits de la carrière pouvaient être découpés et travaillés pour donner des cheminées ou des croix avec seulement ces trois petits outils ? Auguste Villain, Clément Pâtureau et les collègues devaient d’abord refendre avec précaution. Pour « découper » un bloc à la mesure de l’œuvre à façonner, la refente consistait à faire une ligne de petits trous, appelés « potées », avec un poinçon spécial dit « de fente ». Une fois les potées creusées, les tailleurs retournaient le bloc et tapotaient en douceur l’autre face vis à vis des dites potées. Le bloc se scindait alors en deux comme par magie. La massette et le ciseau faisaient le reste, avec aussi un peu de patience. Il fallait deux semaines pour faire une croix de monument funéraire.
Le travail était pénible, mais en 1895, quel travail manuel n’était pas pénible ?
-Le soir, nous n’avions pas envie d’aller courir. Il n’y avait pas d’heure d’embauche et pas d’heure de débauche.
Michel Roger reconnaît malgré tout que son père se rendait compte que le travail était pénible et savait ne pas dépasser l’effort à demander à ses ouvriers.
La petite Léa, Radegonde, Marie, naquit donc dans ce milieu de maçons et tailleurs de pierre et fut déclarée le lendemain 24 mars 1895 devant le maire de l’époque Barthélémy Guilbot et les deux témoins Constant Villain, lui aussi maçon et frère de la maman née Augustine Villain, et Eugène Savariau, un des instituteurs du village.
Saint-Aubin fin XIXème siècle
A l’époque, Saint-Aubin comptait déjà environ 1800 habitants. Le bourg abritait de nombreux commerçants et artisans. Outre les maçons et tailleurs de pierre, en force, on ne comptait pas moins de onze couturières, cinq aubergistes, quatre lingères, quatre scieurs de long, trois menuisiers, trois meuniers, trois épiciers, deux boulangers, deux maréchaux, deux chaisiers, deux marchands de bois. D’autres avaient l’exclusivité comme la coquetière, le vétérinaire empirique, la sage-femme, le sabotier, le débitant de tabac, le charron, le tisserand, le cordonnier. On note aussi un desservant, ainsi appelait-on le prêtre, et un sacristain. Enfin, plusieurs métiers ont disparu du paysage communal, comme les cochers du château du Theil ou les garde-barrières et l’employé de chemin de fer.
En cette fin de siècle, avant d’aborder l’Epoque que l’on appela « Belle », la vie n’était pas si facile. Les journaux d'alors relatent deux cas de suicides dans la commune en cette année 1895, celui d’Antoine Verger du Petit Châtenay, 70 ans, dont « les affaires ne marchaient pas » et celui du jeune Métais, marchand grainetier de 28 ans. Virginie Foucher est retrouvée noyée dans les douves du château du Theil.
Les comptes-rendus des réunions du conseil municipal mentionnent beaucoup d’aides accordées. Le 17 février, le conseil vote « un crédit pour les pauvres de 300 francs » auquel il faut ajouter la note de M. Papet, boulanger, de 450 francs, consécutive aux distributions de pain. A chaque séance, sont discutées des aides individuelles. Il a été établi une liste de 55 « indigents » et décidé d’accorder 3,65 francs « par tête d’indigent ». Le conseil doit aussi donner son avis sur les mises en congé des militaires au bout d’un an de service ou sur l’exemption de périodes militaires s’ils sont soutiens de famille.
L'école de filles
En cette année 1895, deux gros problèmes ont animé les réunions du conseil. D’abord la demande des habitants afin que les trains de 7 heures et de 10 heures s’arrêtent au passage à niveau de la Berthelière. Arrêts considérés par les conseillers municipaux comme « un désir légitime de la population de Saint-Aubin-le-Cloux et d’Adilly. L’argument, en plus de ce désir légitime est que l’on pourrait doubler la recette « avec les voyageurs venant des foires de Bressuire ou des marchés de Parthenay et de nombreux chasseurs. »
L’autre sujet de préoccupation de Barthélémy Guilbot et de ses conseillers est l’école de filles. La demande est faite pour un troisième poste d’institutrice, donc de la construction d’une classe supplémentaire et d’un logement qui découlerait de ce nouveau poste.
L’école de filles accueillait en effet 130 gamines. Le rapport précise « en moyenne ». Cette moyenne signifie sans doute que l’assiduité n’était pas forcément du cent pour cent. Mais que de dépenses en perspective pour un budget déjà en déficit. Finalement, le troisième poste sera reporté à plus tard. On se contentera d’agrandir une classe et aussi un logement de fonction « si l’Etat et le Département participent aux frais ».
1895 verra par contre la création de cours d’adultes et d’apprentis décidés par le gouvernement. Le conseil municipal donne son aval pour payer l’éclairage et le chauffage dans la mesure où l’Etat subventionnait les cours eux-mêmes et ce, « pour permettre aux jeunes gens de fortifier et compléter leurs connaissances ».
Dans ce monde d’hommes forts, Léa s’avéra de suite une douce petite fille. Puis elle fréquente cette belle école de filles agrandie. Elève appliquée, Léa apprend sans problème les données de base de l’époque : compter, lire et écrire. A douze ans, on quittait l’école. Léa eut-elle le certificat d’études ? Ce n’est pas sûr. Ce qui ne l’empêche pas d’entrer à l’épicerie du quartier comme aide... mais elle reste dans le quartier où il n’y avait pas que des maçons et des tailleurs de pierre. Il y avait aussi des couturières et, parmi elles, les renommées sœurs Gabilly. Léa entre donc en apprentissage chez ses voisines.
L'Eternelle fiancée
Vint la guerre 14. Le fiancé de Léa fait partie des cent morts, lourd tribut payé par la commune au cours de cette longue guerre. Veuve avant d'être mariée, elle ne se maria jamais.
Léa fait donc partie des nombreuses couturières du bourg, puis elle prend l'épicerie devenue « Proxi », toujours dans le quartier. Pendant la guerre 40, elle sert d'intermédiaire pour les messages au sein du groupe de résistance auquel appartenait André Tisné. Elle était dépositaire de journaux.
Léa avait aussi des talents d'infirmière et faisait les piqûres dans tout le village.
En 1949, Edouard Pied inaugure la cantine scolaire qui jouxtait la salle des fêtes sur la place. Les premières cantinières sont Zilda Baron et Léa Pâtureau. Zilda, la chef, et Léa distribuaient des « repas bons et copieux », selon le maire Edouard Pied. Zilda était sévère, Léa était la douceur même. Nous, les écoliers, nous l'aimions bien. Elle donnait du « rab ». Ah ! La purée-saucisses du jeudi ! En 1950, Léa laisse l'épicerie que géra à sa suite Gaby Tisné. Elle reste dans son quartier, dans sa petite maison au dos de l'auto-école actuelle. Elle prend sa retraite de la cantine en juin 1961.
Léa Pâtureau est décédée le 14 août 1984.
La retraite. Léa assise, entourée de Geneviève Chargé (avec la gerbe) et Ghislaine Boche. Edouard Pied entouré de Mmes Martin, Seigneuret et Pied. En arrière : Michel Boche, Maurice Chargé, Roger Parsonneau et Lucien Suire.
Remerciements à
Michel Roger pour la documentation sur les tailleurs de pierre,
Gaby Tisné pour la vie de Léa,
La photo m'avait été communiquée par Dominique Boutin.
Jean-Michel Chargé
Le feuilleton du pré de la Cure
Il y a quelque temps, Joseph Sauvêtre m’a apporté un carton plein de « Voix de Saint-Aubin » des années 50 avec quelques numéros plus vieux. « La Voix de Saint-Aubin » avait succédé au « Clocher » et était conçue par les curés successifs avant d'être remplacée à son tour par une parution du doyenné de Secondigny. Actuellement, « Chemin faisant » couvre la paroisse de Saint-Jacques en Gâtine, autour de Parthenay.
Feuilletant à nouveau mes « Voix » après sollicitation pour alimenter le Bulletin municipal 2020, je suis tombé sur un texte de l'abbé Goudeau dans « La Voix » de Juillet 1939 parlant de l'acquisition du pré de la Cure, derrière l'église, le long du Palais.
Le texte, qui ne manque pas d'humour, est un peu long mais je le transcris en entier. A l'époque, le curé tenait une grande place dans la commune.
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Chers Paroissiens
Je ne sais pas si vous sentirez, comme je le voudrais, toute la joie qu'il y a dans les lignes que j'écris.
Je suis bien content ! « Dame oui ! » comme disait le petit homme que Botrel a chanté
Qui l'eut cru ? Qui l'eut cru ?
Nous revenons planter notre Maison à l'endroit même où, en 1937, nous avions pensé la mettre, à deux pas de l'église, en plein bourg...
« La Maison » est bien écrit avec un grand M. Joseph Sauvêtre émet l'idée que cette Maison aurait pu être une maison pour des sœurs enseignantes car il était question d'une école libre pour les filles, projet qui a rejailli au cours des années suivantes jusque dans les années 50.
En effet dans « la Voix » de mai 1936, le curé Goudeau écrit : « Bien souvent, depuis mon arrivée à Saint-Aubin, de nombreux parents chrétiens m'ont dit leur regret de ne pas avoir une école chrétienne pour leurs filles et aussi pour leurs garçons. »
En fait, le projet se contentait de la venue de sœurs soignantes et l'abbé Goudeau fait le tour de la paroisse pour récolter l'argent en espérant que « le sort de notre maison sera réglée à Noël ». (« La Voix » décembre 1936).
...Le terrain, si ardemment convoité, nous ayant été hélas refusé, il nous a fallu, sous peine de ne pas en avoir du tout, prendre celui qui nous était offert.
Nous l'avons donc acquis et payé sans tarder en 1938.
A la porte du terrain que nous n'avions pas pu avoir, j'aurais volontiers écrit « regrets éternels ».
Que de fois, j'ai entendu dire : « La Maison sera trop loin. »
C'était vrai ! Aussi quand je passais sur la route d'Azay, je me disais tout bas et même tout haut : « Comme nous aurions été bien ici ! »
Quand j'allais vers le Moulin, je reprenais respectueusement N.-D. des Champs d'avoir voulu se mettre si loin...
Joseph Sauvêtre et Pierre Cantet se souviennent en effet que la statue de N.-D. Des Champs était dans le champ du Moulin et était située à peu près à l'emplacement de la maison Fromentin actuelle et à la place des maisons de l'impasse de la piscine, champ exploité par la famille Cailleau de la Trinière. La statue, œuvre de M. Ecault, fut érigée le 25 décembre 1937 en grande pompe avec procession aux flambeaux.
...Cependant, nous ne pensions jamais sortir de là. Dans le Bulletin Paroissial de mai-juin 1937, j'écrivais : « Notre œuvre a un terrain très sûr et très définitif. » Dans celui de juillet-août, c'était la même affirmation : « Nous sommes très certain qu'il ne changera pas. »
Confiants dans l'avenir, le 25 décembre 1937, nous avons mis sur « sa terre » la statue de la Sainte Vierge et béni le lieu où nous croyions bien vivre et mourir...
Oui, mais, restait à obtenir la venue de religieuses. L'Evêché est déjà peu affirmatif en mai 1938 alors que l'abbé Goudeau est heureux d’écrire que le terrain du Moulin est acheté. Hélas, en mars 39, l'Evéché regrette, il n'y aura pas de religieuses à Saint-Aubin. Ce sera pour bien plus tard.
... « Dieu de mes Pères », comme disait Abraham, vous veillez sur nous.
Le 16 avril, en revenant de la réunion de l'U.C.P.H. à Secondigny, j'appris de source très sûre, que par suite de la mort prématurée de ses propriétaires, la prairie située auprès du Pont était en vente.
L'excellent ami qui me donnait cette nouvelle, ignorée encore de tout le monde, ajoutait : « Il faudrait revenir là. »
C'était si inattendu que j'ai d'abord cru rêver.
Discrètement j'allais regarder si la rivière était en crue ou en décrue, mais je ne regardais point la rivière...
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Les propriétaires en question étaient de la famille Papet, propriétaire de la Guérinière, famille de boulangers. Je tiens l'information de Marcel Boissinot qui a acheté l'autre partie du pré aux descendants de cette famille pour faire construire sa maison.
...Deux fois, je conduisais de discrets conseillers admirer la beauté de la vallée et, en leur montrant la tête des peupliers, je les priais d'examiner le bout de la prairie et de nous dire si nous serions bien installés.
Enfin le jour de gloire arriva et je pus, officiellement me rendre compte sur les lieux.
Comme ce serait « chic ».
Nous n'avions plus qu'à étudier, en séance de conseil paroissial, quelques questions pratiques et à revoir le terrain, car nous obtenions beaucoup plus que ce que nous avions autrefois demandé.
Cette séance historique eut lieu le dimanche 9 juillet et fut suivie d'une expertise du terrain savante et minutieuse.
Nous avons eu tous les renseignements prévus et même imprévus, ce qui est excellent quand on veut étudier une question à fond.
Sous les rayons cuisants du soleil, MM. les conseillers se rendirent compte que nous aurions un endroit plein de lumière, de bon air, pour le corps et l'âme.
Ensuite, à raison de quatre sous le même parapluie, ils jugèrent que les eaux du ciel étaient très recevables en cet endroit.
Comme le parapluie était trop petit, un cinquième reçut la douche sur le dos en se disant le plus heureux du monde et faisant confiance au premier rayon de soleil pour que son épouse, une très digne personne, ne le grondât pas d'avoir « enfondu » son bel habit.
C'est donc ainsi que nous avons décidé de changer de terrain et de revenir « à nos premières amours ».
Parmi tous les paroissiens que la chose intéresse, beaucoup m'ont fait des compliments et, comme je n'en reçois pas souvent, j'ai accepté cette petite friandise.
D'autres m'ont dit : « mais que ferez-vous des pierres qui sont sur l'autre terrain ? »
Nous les ferons suivre. C'est très facile. J'aurai certainement tous les bœufs et les charrettes de la paroisse à ma disposition. Ensuite le trajet est beaucoup moins long. Enfin, comme je sais que tous mes ouvriers bénévoles sont capables de manger des kilog (sic) de pain et de pâté, de faire disparaître des fromages, de boire des litres de vin, de fumer du caporal ordinaire, la chose me paraît très simple à réaliser.
Les âmes pieuses ont tout de suite pensé à la statue de N.-D. des Champs.
Qu'elles se rassurent. Il y aura la « Translation » de N.-D. Et ce sera très beau, savez-vous !
Tout est déjà prévu et il n'y a qu'une date à ajouter au programme.
Chers paroissiens, que de soucis m'a déjà coûté cette maison : déceptions, moqueries, critiques.
Aujourd'hui, je suis très heureux de cela et j'en remercie sincèrement le bon Dieu.
Si j'avais suivi les gens pressés, si toutes les prières que j'ai faites avaient été exaucées, nous serions définitivement fixés dans un endroit dont on aurait toujours dit qu'il était éloigné et pas commode.
Il avait pourtant des qualités ce champ que nous abandonnons, mais elles se montraient peu, tellement son unique défaut vous les cachait.
Je pense maintenant à ce vieux proverbe : « L'homme s'agite et Dieu le mène. »
Nous sommes-nous agités ? Et pour revenir où Dieu voulait.
Chers paroissiens, recueillons tous cette leçon, car il y a pour nous tous une leçon dans cette affaire.
Faisons toujours ce que nous devons faire, avec au cœur une absolue confiance en Dieu. Besognons pour Dieu et Dieu besognera pour nous.
Très affectueusement, vôtre, R. GOUDEAU
Onze ans plus tard, l'abbé Martin parle aussi du pré de la cure dans son éditorial d'octobre 1950. En effet, pour la première fois, la kermesse paroissiale vient de se dérouler dans ce pré. Auparavant, elle avait lieu dans un autre pré, de l'autre côté du pont, où s'est construit depuis le lotissement de la Rivière. Madame Millérioux et Monsieur Bénéteau, les bouchers, propriétaires de l'abattoir, ont permis le passage. L'argent récolté lors de ces kermesses et celui du théâtre servent à payer la salle paroissiale construite en 1947-48, salle qui a bénéficié d'un remarquable bénévolat lors de sa construction et a vu Notre Dame des Champs rapatriée sur sa façade...avant de repartir route d'Azay. Pour mémoire, la pièce jouée en 1950 connut un gros succès, presque départemental. C'était Ben-Hur !
Mais il ne fut pas construit de maison sur ce terrain...malgré l'optimisme de l'abbé Goudeau quant au transport des pierres...
Quand les kermesses ont cessé, le pré appartenait alors à la mairie. Le conseil, pendant le mandat de Robert Roger, garda une partie pour installer une pompe de relevage. Une parcelle fut vendue à l'entreprise Boisumeau et une autre aux époux Giraud.
Jean-Michel Chargé
Remerciements à Joseph Sauvêtre, Pierre Cantet, Marcel Boissinot, Robert Roger, Jean Parsonneau, l'abbé Mouchard (pour l'accès aux archives de la cure.)
C'était au temps où tous les garçons (ou presque) étaient enfants de choeur
Photo fournie par Pierre Cantet
Premier rang : Jean Poirault, Gilles Audebrand, Claude Baranger, Maurice Vergnault, Pierre Liaigre, Jean Chamard, Louis Giraud, Elie Liaigre.
Rang du milieu : Robert Chaigneau, René Martin, Pierre Roger, Jean Faurel, Auguste Semillé, Jean Girouin, Abbé Goudeau.
Rang du haut : Michel Déray, Pierre Bichot, Michel Brunet, Pierre Cantet, Joseph Pillet, Bernard Roy, Jean Motard.